L'enjeu de la décarbonation : du report modal et de la mutualisation

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Le transport routier de marchandises génère 10 à 12 % des émissions de gaz à effet de serre. À l'heure de la RSE, des "entreprises à impact" et de l’urgence climatique, le sujet est désormais pris à bras le corps par les chargeurs. La conférence de Top Transport consacrée à ce thème a fait le plein.
Quelque 600.000 poids lourds roulent sur le bitume tricolore en 2022, dont 99 % propulsés au diesel… La route concentre 89 % du transport de marchandises en France, très loin devant le fer (9 %) et le fluvial encore marginal avec 2 % seulement des tonnages. Le sujet devient brulant et plus seulement quand le prix à la pompe flambe mais au regard des objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Rien d’étonnant donc à ce que la conférence de Top Transport consacrée à la décarbonation du transport routier de marchandises ait fait salle comble le 12 octobre au Palais du Pharo, à Marseille.

Les chargeurs étaient présents en force pour écouter l’expérience de PepsiCo. La multinationale américaine fait partie des 250 entreprises engagées volontairement dans Fret 21, démarche lancée en 2015 par leur association, l'AUTF, ainsi que l'Ademe (dans le cadre du programme Eve) visant à accompagner les entreprises dans la réduction de l'impact environnemental de leur transport.

Suite à Top Transport, 40 % de GES en moins pour PepsiCo

Tout est parti d’une simple rencontre l’année dernière sur le salon Top Transport. Chloé Guedj, responsable décarbonation transport de PepsiCo échange alors avec Manuel Cordelet, directeur commercial de Lomak. Un an plus tard, ils parviennent à réduire de 40 % les émissions de GES sur la production espagnole de chips Lays destinée à la France en passant de la route au transport combiné.

"Nous avons deux sites en Espagne qui utilisent la solution rail-route : Burgos et Vitoria. La partie ferroviaire se trouve entre Mouguerre et Dourges ou Valenton en fonction de la destination finale", détaille Chloé Guedj.

"Avec notre partenaire local en Espagne Blue Modal, nous avons divisé par quatre le bilan carbone du client. Au lieu de parcourir 1.230 km par la route de bout en bout, le camion assure seulement 280 km de pré et post-acheminement. Le reste se fait sur le rail au départ de Mouguerre vers l’Île-de-France et le Nord", souligne Manuel Cordelet.

Chloé Guedj explique que la bascule s’est faite en deux à trois semaines. Cependant, cette démarche nécessite de la pédagogie aussi bien en interne chez PespsiCo qu’auprès de la grande distribution quand le train arrive avec un jour de retard.
"Nous devons expliquer que le train est un mode de transport propre. Le taux de service demeure une difficulté face à la grande distribution", précise la jeune femme dont le poste a été créé avec comme objectif de réduire de 15% les GES en 2022. "Nous avons un vrai devoir citoyen de réduire de 30 % les émissions du groupe en 2030 comparé à 2015. Nous cartographions les flux en fonction des distances et de la typologie des produits. Le programme Fret 21 nous donne des outils pour mesurer nos émissions", complète Chloé Guedj.

13.380 tonnes de carbone évitées

Malgré l’engorgement des terminaux, les travaux de maintenance nocturne sur les traverses et autres ouvrages par SNCF Réseau, Lomak trace sa route dans le combiné avec 16.000 caisses mobiles acheminées à l’année. "Nous avons évité le rejet de 13.380 tonnes de carbone soit l’équivalent de 352 fois le tour de la terre !", lance fièrement Manuel Cordelet à l’audience tout en rappelant les solutions de repli sur la route en cas de conflit social sur les rails. "Lors des grèves de 2019, nous avions 800 relais sur l'axe", ajoute-t-il.

Depuis deux ans, Lomak développe également les transports combinés de lots partiels, grâce à la mutualisation de cinq chargeurs au départ de Château-Thierry, dans les Hauts-de-France à destination de Miramas, Nîmes et Saint-Gilles, dans le Gard. "Si la commande est passée le lundi, nous avons quatre jours pour mutualiser les flux qui vont arriver et constituer des camions complets vers les destinations finales régionales", complète Manuel Cordelet.

En ces temps de désorganisation de la chaîne mondiale d’approvisionnement – en particulier dans le domaine des conteneurs – et pour éviter la flambée des surestaries sur les quais, Lomak étudie la possibilité de proposer un train fret de conteneurs maritimes en sortie des terminaux de Fos-sur-Mer vers Miramas pour un stockage de débord sans frais supplémentaires. Le train a de l'avenir.

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