Le ferroutage prend de la vitesse au sein du groupe SNCF. Viia, sa filiale dédiée, indique comptabiliser désormais 150.000 unités transportées le long de cinq axes. "Nous visons les 400.000 à l’horizon 2030, par une montée en puissance progressive", indique Reynald Nicolas, directeur général de Viia.
Le total actuel se répartit en trois-quarts de remorques et un quart de conteneurs. En majorité, soit près de 100.000 unités, il provient de la liaison "historique", celle entre Bettembourg au Luxembourg et Le Boulou près de Perpignan opérée depuis 2007 par la société Lorry-Rail rattachée à Viia. Celle-ci compte dans son actionnariat les Chemins de fer luxembourgeois et l’industriel alsacien Lohr, le concepteur et fabricant du système Modalohr de wagons surbaissés et pivotants sur lequel repose l’offre de ferroutage.
Ce service Bettembourg-Le Boulou est opéré à raison de trois allers-retours par jour, "une cadence qui permet d’élargir son utilisation à différents transports aux exigences spécifiques, comme la semi-remorque bâchée ou le frigo", précise Daniel Lebreton, directeur commercial de Viia.
Développements à l’international
D’autres lignes montent en cadence : Le Calais-Le Boulou parvient à deux allers-retours quotidiens, sous l’effet en particulier du Brexit : "Il a mis en exergue les avantages d’un transport non accompagné", complète Daniel Lebreton.
À l’échelle d’une semaine, ce sont par ailleurs 5 navettes qui relient Calais à Mâcon, 3 qui desservent depuis le port du Nord celui de Sète et 3 autres au moins (avec des pointes à 5) entre Bettembourg et Barcelone. Via et Lorry-Rail n’entendent pas en rester là. Ils ont postulé aux appels d’offres pour le terminal multimodal à manutention horizontale et verticale de Rungis et pour celui de Barcelone- La Llagosta.
Ce dernier est vu comme un tremplin vers une offre plus internationalisée, à l’intérieur de l’Espagne ou vers Poznan en Pologne où un terminal permet déjà depuis deux ans le déploiement par les CFL d’une offre au départ ou à destination de Bettembourg, auxquels les trains de Lorry-Rail se connectent.
"L’activité commence ainsi à s’articuler autour d’une colonne vertébrale d’infrastructures. Nous avons conscience que l’offre a besoin de précéder la demande", souligne Reynold Nicolas. Le dirigeant de Via-Lorry Rail fait valoir un "taux de remplissage de plus de 92 %" pour chacune des navettes mises en place.
Rebond d’activité pour Lohr
L’autre clé de développement vient donc du groupe Lohr et de sa solution innovante Modalohr. Celle-ci retrouve des perspectives grâce à un autre client : fin 2022, Brittany Ferries a passé commande de 47 wagons de ferroutage, à faire circuler à partir du printemps 2024 pour une liaison d’un millier de kilomètres entre Cherbourg, point d’entrée des flux britanniques, et Mouguerre près de Bayonne.
"Le signal est également important quant au potentiel que renferme l’offre pour du transport combiné adossé au maritime. Quoi de plus multimodal qu’un port ?", relève Marie-José Navarre, vice-présidente du groupe industriel alsacien de 1.350 salariés.
Modalohr représente 10 % de l’activité de Lohr, qui a rebondi après un creux pendant et au sortir de la crise sanitaire. "Nous sommes sur la trajectoire pour revenir à notre niveau de chiffre d’affaires annuel de 300 à 350 millions d’euros d’avant la crise sanitaire", énonce Marie-José Navarre.
Après un montant inférieur de moitié à cette référence en 2022, soit 170 millions d’euros, la perspective se situe à 280 millions d’euros pour 2023, concentrée en premier lieu dans les remorques porte-voitures et les véhicules militaires.
Transport multimodal
Viia et Lohr font monter le ferroutage en puissance
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Système Modalohr © Groupe Lohr
La filiale dédiée de la SNCF parvient à un premier palier de 150.000 remorques et conteneurs transportées par an sur cinq lignes qui font appel au système de wagons Modalohr. Son inventeur, le l’industriel alsacien Lohr, se remet à engranger des commandes pour sa solution.