Arnaud Aubry, président du SMEMOPR : « Nos entreprises sont en danger »

Après quinze années passées à la SHGT (groupe Sofrino-Sogena) au Havre, il dirige depuis douze ans le terminal de Radicatel, entre Rouen et Le Havre, au sein de Roll Manutention Services (RMS, groupe Katoen Natie). Depuis six mois, Arnaud Aubry préside la SMEMOPR, syndicat des manutentionnaires rouennais.
Ces dernières années, on a souvent dit que les entreprises de manutention portuaire rouennaises étaient en difficulté. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Elles souffrent, c’est vrai. Cet état de fait provient principalement de deux choses. La chute des trafics conteneurisés à Rouen – nous sommes tombés en cinq ans de 140.000 à 60.000 EVP traités – et la fermeture de plusieurs sites majeurs du tissu industriel local comme la papeterie Chapelle-Darblay (groupe UPM) ou l’usine Vallourec. Pour recapter des trafics perdus, il faut revoir toute la chaîne logistique et développer les dessertes du port.

Un point positif malgré tout : le développement des EMR dont l’éolien. Trois de nos principales entreprises sont concernées. Les problèmes liés à l’acheminement terrestres des éléments sont réglés. Et nous disposons des hommes, des surfaces de stockage et des outils. Il faut savoir qu’un seul navire mobilise une trentaine de dockers. Deux autres secteurs, dépendant d’aléas divers, se portent bien par ailleurs : les céréales et les engrais. Un gros céréalier mobilise six à huit salariés.


Pour reprendre des couleurs en matière de trafics conteneurisés, que faut-il à Rouen ?
Concernant les infrastructures, on tend vers du mieux. Sur prescriptions de la Dreal, avec les instances portuaires, nous mettons nos terminaux aux normes environnementales. D’une façon générale, il faut développer l’usage du fleuve, les transbordements et massifier les flux. Il faut certes chercher à attirer des lignes régulières mais aussi développer le short sea. Il existe des possibilités avec des pays comme l’Irlande, l’Espagne, le Portugal, la Finlande, le Maroc… Nous travaillons sur ces sujets. Il faut dire que les politiques armatoriales évoluent vite et que les armements font de plus en plus du transport de bout en bout, prenant en charge la logistique terrestre. Nous, on est en bout de chaîne.

Comment voyez vous l’avenir proche pour vos entreprises ?
Une chose est sûre, il faut se battre. Pour les conteneurs, il faut moderniser le terminal RVSL de Moulineaux, revoir son modèle économique, diversifier les activités sur les quais, apporter de la valeur ajoutée aux marchandises, éviter les ruptures de charges, ajuster les coûts, mutualiser les outillages, trouver des aides financières, repenser l’organisation du travail, être irréprochable sur le fluvial… Bref, se battre sur tous les fronts. Nous disposons des outils et des hommes, du savoir faire mais il risque de disparaître. Il nous faut évoluer. Il en va de la survie de nos entreprises.

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