Un écosystème portuaire, la clé pour mieux atteindre la décarbonation

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David Canard-Volland, Hervé Martel, Lamia Kerdjouj-Belkaïd, Mathieu Blanc, Isabelle Ryckbost, Olivier Trétout, Christophe Chabert © VJC

La décarbonation du transport maritime a déjà été entamée aussi bien par les ports que par les divers acteurs du transport maritime en Europe. Pour Lamia Kerdjoud-Belkaïd, la déléguée générale de la Feport, "bâtir un écosystème portuaire" doit permettre d'y parvenir.

Dans les ports de l'Hexagone, l'évolution de l'industrie vers le bas carbone a bien démarré. Ainsi, sur le littoral atlantique, Olivier Trétout, le directeur général du Grand Port de Nantes-Saint-Nazaire (GPMNSN), a souligné la progression locale de cette mutation.

Lors d'une conférence sur les filières et décarbonation de la logistique, qui se tenait à l'occasion du Maritime day de la SITL 2023, le dirigeant portuaire a expliqué que le bas carbone représentait déjà 31 % de l'activité du GPMNSN. Sa vocation industrielle ne représente aujourd'hui que 69 %.

Et d'expliquer que si l'établissement portuaire compte encore Airbus, Elengy, Cargill, etc., il se montre déjà "apte à capter de l'énergie marine". Pour Brest, Christophe Chabert, le directeur de la Société du port de Brest Bretagne, estime que pour "répondre aux exigences du gouvernement", le port de Brest a choisi les énergies marines renouvelables (EMR) pour devenir une "plateforme essentielle dans la logistique des frotteurs EMR".


Brest : l'industrie plafonnée à un tiers

La vocation du port breton est de devenir "multi-activités à hauteur de deux tiers et de rester industriel à hauteur d'un tiers", a-t-il ajouté, soulignant que le port breton prévoit de gérer 10 à 30 flotteurs EMR par an d'ici 2030.

En Méditerranée, Hervé Martel, le président du directoire de Marseille-Fos, rappelle que le branchement électrique à quai remonte pour les premiers ro-pax dans le port phocéen à 2017. Il souligne que les ferries internationaux utiliseront ce dispositif dès cette année, que les paquebots pourront s'y connecter dès 2025 et que tous les navires de croisière et porte-conteneurs pourront avoir accès à ce défi dès 2030. Le dirigeant portuaire marseillais a enfin souligné que le GPMM produit en parallèle de l'électricité.

En matière de GNL, Hervé Martel rappelle que le groupe CMA CGM assure ses opérations de soutage à Fos. Au chapitre de l'hydrogène, le dirigeant émet des doutes : "Peu sont nombreux ceux qui pensent que ce carburant fonctionnera". Il rappelle une nouvelle fois qu'un montant 11 milliards d'euros a été investi à Fos pour la construction d'une dizaine de projets lié à la transition énergétique.


Financer et coordonner

Pour Lamia Kerdjouj-Belkaïd, la déléguée générale de la Feport, "la question du financement est devenue un vrai sujet de coordination de tous les acteurs portuaires". Selon elle, "les entreprises privées ont réalisé des investissements sans subsides. L'offre et la demande doit se clarifier à l'avenir. Les entreprises portuaires ont fait les efforts majeurs demandés". Pour la responsable de la Feport, "un écosystème portuaire doit permettre de parvenir à la décarbonation".

Rappelant la conclusion récente du verdissement des ports et des carburants européens par la Commission européenne, Isabelle Ryckbost, la secrétaire générale de l'Espo, dénonce toutefois des divergences d'enveloppes entre les États membres. Et de citer à titre d'exemple l'Italie et l'Espagne, d'une part, percevant 20 % de l'UE, et la France n'ayant droit qu'à la moitié (10 %).


"Un travail d'orchestration"

Du côté des transporteurs, Mathieu Blanc, le directeur général de Sogestran, estime que le groupe qu'il dirige fait partie du top 5 européen. "En matière de décarbonation, on a vu déjà arriver le diester, l'éthanol", énumère-t-il. Sur la longue distance, selon lui, "de longues batailles très compétitives ont été conduites pour obtenir une forte réduction de CO2". Sur les zones urbaines, ajoute-t-il, des luttes ont été menées pour atteindre "la zéro émission". Enfin, à quai, "il va falloir, selon lui, légiférer". Et d'ajouter : "On a des capteurs sur tous les bateaux".

De son côté, David Canard-Volland, directeur de la supply chain chez Clasquin, a estimé que "la décarbonation implique un travail d'orchestration. Il faut réduire les poids, les cibles les distances". Jugeant que la profession peut agir sur tous les segments, il a affirmé que l'axe Asie-Europe est un exemple que l'"on peut décarboner de bout-en-bout".

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