Les JO en période de moisson perturbent le transport des céréales sur la Seine

chargement de blé d'une péniche

La période des moissons, en juillet-août, est capitale pour la filière céréalière : des montagnes de grains d'orge, de blé puis de maïs quittent les fermes pour gagner les ports fluviaux en amont de Paris.

Crédit photo sandycrea/Adobe Stock
En cette fin juin, l’Hermione, péniche de 1.000 tonnes de Soufflet Agriculture, transporte de l'orge depuis Grigny vers Rouen. La période des moissons est cruciale pour la filière céréalière, mais les Jeux olympiques de Paris 2024 compliquent cette logistique. Initialement prévue pour une fermeture totale de 15 jours, la navigation sur la Seine sera restreinte à 6 jours et demi, nécessitant une réorganisation complexe pour les transporteurs de céréales.

En cette matinée de fin juin, l'Hermione, une péniche d'une capacité de 1.000 tonnes du collecteur de céréales Soufflet Agriculture à Grigny (Essonne), est pleine d'une orge de printemps récoltée en 2023.

"C'est la fin des stocks, il faut faire de la place pour la nouvelle récolte qui vient de commencer", explique Anthony Picard, chef de silo chez Soufflet.

La période des moissons, en juillet-août, est capitale pour la filière céréalière : des montagnes de grains d'orge, de blé puis de maïs quittent les fermes pour gagner les ports fluviaux en amont de Paris.

Un casse-tête logistique

Une noria de petites barges traversent ensuite la capitale pour rejoindre Rouen, le port de fond d'estuaire par lequel transite aujourd'hui la moitié des exportations françaises de céréales, qui seront expédiées vers l'Europe, l'Afrique et jusqu'en Chine.

Chaque étape suppose des transbordements, des stockages dans des silos de transit, des contrôles, le respect d'horaires d'écluses…

Un casse-tête logistique qui "a failli virer au cauchemar" pour les JO (du 26 juillet au 8 septembre en incluant les paralympiques), rappelle Jean-François Lépy, directeur général de Soufflet Négoce by InVivo, acteur européen majeur du commerce des grains et acheteur de la cargaison de l'Hermione.

La période des JO correspond au pic d'activité, avec près d'un million de tonnes de grains transportés sur le fleuve, soit le tiers du volume annuel.

Après des discussions toniques avec les autorités, les céréaliers ont obtenu de ramener les 15 jours de fermeture totale à la navigation – initialement prévus avant la cérémonie d'ouverture, organisée sur la Seine – à 6 jours et demi, du 20 au 26 juillet, avec des restrictions pour le reste de la période des Jeux.

>>> Lire aussi : JO 2024 : le transport de céréales arrêté sur la Seine du 20 au 26 juillet

"Déjà, en temps normal, c'est pas simple", remarque Jean-Pierre Pihen, capitaine de l'Hermione. Heureusement, il connaît le coin, sait "où il y a des roches dans le fond du fleuve", redouble de vigilance à l'approche de zones prisées des plaisanciers.

"On sait quand on va être chargé, on ne sait jamais quand on sera à Rouen", résume-t-il.

Naviguer sur réservation

Ce matin-là, les éclusiers en amont de Grigny sont en grève. Le marinier croise les doigts pour que le mouvement ne s'étende pas. Et le "réviseur", qui doit inspecter la cale et la cargaison avant chargement au nom du client, a plus d'une heure de retard.

Il est 13 h 30 quand l'Hermione largue enfin les amarres. Les écluses sont vite franchies après le feu vert radio de l'éclusier. La Seine est "encore haute", mais sans difficulté pour la navigation – qui peut être interdite quand le débit atteint 600 m3 par seconde.

Les bungalows des berges boisées du Val-de-Marne s'effacent peu à peu devant les parapets de pierre parisiens. Jean-Pierre Pihen maintient son allure : 14 km/h.

Passé les quais de Javel, à la sortie de Paris, la barge fera halte pour la nuit avant de retrouver les boucles normandes de la Seine et sa destination.

Ce ne sera "pas aussi fluide" pendant les JO. Le marinier vient de recevoir les horaires : "on devra naviguer sur réservation", "en partie de nuit", "pas l'après-midi". "Il y aura des places de stationnement pour attendre son tour."

Pour désengorger les zones d'attente, les céréaliers ont obtenu deux passages en convoi, les 20 et 27 juillet, selon Jean-François Lépy.

La question des remboursements pour préjudices subis

À bord, Emmanuelle Blanchet, présidente du groupe Blanchet, est inquiète. Son entreprise, qui emploie le marinier à travers un contrat annuel, redoute l'arrêt total de ses autres activités, notamment avec les centrales à béton de Paris, interdites de fonctionner pendant les Jeux : "Cela va nous coûter des millions, pour le moment aucun chômage partiel n'est prévu."

Les mariniers devraient mieux s'en sortir : "La préfecture s'est engagée à rembourser les préjudices subis par les bateliers ou par les professionnels de la filière pour la période de fermeture totale", affirme Jean-François Lépy, qui évalue le dédommagement à quelque "8.000 euros" pour une péniche comme l'Hermione.

La rédaction (avec Sofia Bouderbala de l'AFP)

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