"Il y a des craintes quant à la sécurité des forces de l'ordre et des pompiers", a déclaré le préfet de Savoie François Ravier jeudi 15 juin à Chambéry, précisant que "2.000 gendarmes et policiers" allaient être déployés dans cette vallée frontalière de l'Italie, célèbre pour ses stations de ski.
La manifestation, annoncée de longue date par une dizaine d'organisations dont les Soulèvements de la Terre et les No-Tav italiens, entendait dénoncer les impacts écologiques, notamment sur la ressource en eau, de ce chantier "ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les massifs alpins".
Soutenue par l'Union européenne, cette nouvelle ligne grande vitesse doit à terme relier Lyon et Turin, avec 70 % des voies en France et 30 % en Italie, avec un tunnel de 57,5 km traversant les Alpes entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse – soit 45 km creusés en France et 12,5 km en Italie, pour un coût évalué à plus de 26 milliards d'euros.
Décidés à manifester, les opposants ont décidé de contester le décret d'interdiction par des recours et maintenu l'appel à manifester. Selon les opposants, les travaux, en cours mais encore loin d'être achevés, risquent de "détruire la montagne pour les intérêts économiques de quelques-uns, au détriment du vivant". Des élus comme le maire EELV de Grenoble Éric Piolle et la députée LFI Mathilde Panot ont annoncé leur venue samedi en vallée de Maurienne.
Divergence de points de vue
Le préfet a justifié son arrêté d'interdiction par un défaut d'information des organisateurs sur le nombre de manifestants attendu et sur les parcours, ainsi que "la présence d'éléments radicaux, entre 300 et 500", a-t-il ajouté citant des évaluations du ministère de l'Intérieur.
Jeudi matin, une manifestation de soutien au projet avait en revanche été autorisée, rassemblant environ 200 personnes, dont des élus devant la gare de Saint-Jean-de-Maurienne. "Le Lyon-Turin, ce n'est plus un projet, c'est déjà une réalité dans notre territoire, dans nos aménagements", a estimé le maire (sans étiquette) de la ville, Philippe Rollet.
"Le Lyon-Turin est éminemment écologique", a renchéri Émilie Bonnivard, députée (LR) de Savoie en allusion à la baisse attendue du trafic routier et des émissions de CO2. "La montagne n’est pas un gruyère", s'insurge jeudi dans un communiqué l'association Mountain Wilderness, en déplorant que les Alpes "souffrent déjà (...) du réchauffement climatique".
Transport ferroviaire
Tensions autour du projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin
Chantier "éminemment écologique" ou projet "mégalo et détraqué" ? La tension montait autour du projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin, avant une grande mobilisation prévue samedi par ses opposants en vallée de Maurienne et interdite par la préfecture pour "risques de débordements".
