Deux grands industriels français ont animé les débats lors de la journée de la SITL consacrée au fret ferroviaire. Kronenbourg, utilisateur historique du mode, est entré dans une phase d’optimisation tandis que Michelin, nouveau client du rail, affiche de grandes ambitions en matière de report modal.
La Journée du fret ferroviaire de la SITL le 6 avril a été lancée par les témoignages de Michelin et de Kronenbourg. Le brasseur alsacien a décidé de "refondre sa logistique ferroviaire il y deux ans", précise Vincent Petit. Avec Idéo, filiale d'ID Logistics spécialisée dans le pilotage des transports, cette réorganisation englobe "la distribution de l’usine d’Obernai vers trois plateformes logistiques à Paris, Lyon et Angers. Elle comprend aussi les approvisionnements en bouteilles vides de l'usine en provenance des Vosges. Cela représente la gestion de près de 800 trains par an", présente le responsable Transport-Distribution-Export du brasseur.
Le but de cette refonte était de "reprendre en main notre logistique ferroviaire, challenger nos fournisseurs et gagner en flexibilité, sachant que notre activité est très saisonnière. Elle est soumise aussi à une forte pression de la part de nos clients de la grande distribution en matière de qualité de service".
Le but de cette refonte était de "reprendre en main notre logistique ferroviaire, challenger nos fournisseurs et gagner en flexibilité, sachant que notre activité est très saisonnière. Elle est soumise aussi à une forte pression de la part de nos clients de la grande distribution en matière de qualité de service".
Pour Vincent Petit, "ces objectifs ont été atteints". Parmi les principales évolutions réalisées, un nouveau hub ferroviaire a été créé à Obernai, les flux ont été partagés entre deux entreprises ferroviaires (Captrain et Fret SNCF) et la gestion du parc wagons (460 unités) a été reprise. Cette dernière est assurée par Kronenbourg et Idéo à l’aide d’un système d’information et d’une tour de contrôle dédiés. "Nous avons gagné en fluidité dans l’évacuation des trains au départ de l’usine d’Obernai, ainsi qu’en visibilité, dans le pilotage de notre logistique ferroviaire et en régularité des trains".
Michelin veut tripler sa part de ferroviaire en huit ans
Chez Michelin, le report modal de la route vers le ferroviaire est une priorité depuis 2019. "Il figure dans notre stratégie Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Nous souhaitons sécuriser en outre nos capacités de transport car l'offre de transport routier international se réduit et connaît une forte augmentation tarifaire", indique Denis Brangeon.
Le potentiel est très important, reconnaît le chargé d’études Transport du manufacturier, puisque "Michelin gère 300.000 expéditions routières par an en Europe. Ces flux consolident nos échanges inter-usines et approvisionnent nos centres de distribution". En deux ans, "5 % ont été transférés sur le combiné rail-route. D’ici 2030, ce taux sera de 15 %".
L’industriel utilise le rail désormais entre sa plus grande usine européenne à Olsztyn, en Pologne, et Ludwigshafen, en Allemagne. "Cette liaison ferroviaire est opérée par notre transporteur Miratrans. Elle permet de reporter 5.000 camions par an de la route vers le fer".
Une deuxième liaison a été testée avec succès entre Orbassano, en Italie où Michelin possède une autre usine, et Calais pour approvisionner le nord de la France, le Benelux et le Royaume-Uni. "Ce service a été arrêté il y a quelques mois et, depuis, les flux sont repassés sur la route", déplore Denis Brangeon. Des corridors ferroviaires sont à l’étude entre les sites de production de Michelin en Espagne vers l’Allemagne, le nord de la France et le Royaume-Uni. Le groupe estime qu’au moins 50 % de ses flux logistiques européens pourraient basculer de la route vers le rail.