La SNCF au régime sec après la grève

Coût des grèves, sauvetage des petites lignes, fin du glyphosate... La SNCF va avoir du mal à boucler son budget. Elle va devoir serrer les boulons et céder des actifs pour respecter les impératifs que lui a imposés l'État.
La métamorphose de la SNCF, transformée en société anonyme le 1er janvier, s'est accompagnée d'un volet financier rigide. En contrepartie de la reprise de 35 milliards d'euros de la dette de SNCF Réseau par l'État (sur presque 52 milliards à la mi-2019), le groupe public s'est engagé à atteindre l'"équilibre économique" en 2022. En clair, les recettes devront pouvoir couvrir l'entretien du réseau, sans endettement supplémentaire. En 2018 – dernier chiffre connu –, il manquait 2,4 milliards.

300 millions pour la grève

Dans un contexte d'ouverture du ferroviaire à la concurrence, le gouvernement a exigé que la SNCF fasse de sérieuses économies pour réduire une bonne partie de l'écart de compétitivité par rapport aux autres compagnies. Alors qu'un haut responsable du groupe prévoyait déjà "un plan d'austérité comme la boîte n'en a jamais connu", la grève contre la réforme des retraites vient sérieusement compliquer la donne, le manque à gagner s'approchant du milliard d'euros.
Pour l'exercice 2019, le PDG Jean-Pierre Farandou a estimé jeudi la perte à 600 millions d'euros. Lesquels risquent de faire plonger la SNCF dans le rouge, alors qu'elle était partie pour "une très bonne année".
En revanche, "on essaiera de rattraper" une partie des quelque 300 à 350 millions de pertes que devrait causer la poursuite du mouvement social en janvier, a indiqué le dirigeant. Pour sauver l'exercice 2020.
"Il y aura un plan d'économies (...) qui essaiera de redresser ce qui peut l'être", a-t-il prévenu. Donnant rendez-vous "fin février" à son conseil d'administration pour plus de détails, il s'est contenté de dire qu'il "ne (toucherait) pas à l'emploi sur le terrain". Sommé de ne plus s'endetter, le PDG de la SNCF envisage également des cessions d'actifs. D'autant qu'il n'est pas question de "remettre en cause les programmes d'investissements", selon la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne.

Contrat de performance

Dans ce contexte, le gouvernement pourrait-il assouplir le cadre financier qu'il a imposé à la SNCF, après la grève contre sa réforme contre les retraites ? La réponse est non. Pour le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, "l'État a fait le maximum de ce qu'il pouvait faire".
"On ne peut pas demander toujours plus aux Français. Parce que je vous rappelle que tous ces milliards (...), c'est l'argent des Français", a-t-il insisté lundi sur LCI.
Pour compliquer le tout, la SNCF devra "sortir du glyphosate" dont elle est une grande utilisatrice, peut-être dès cet été – six mois plus tôt que prévu. En l'absence de solution alternative convaincante, la facture du désherbage des voies pourrait s'envoler jusqu'à 500 millions d'euros par an, contre 30 millions actuellement.
En outre, le gouvernement entend réintégrer dans le "réseau structurant" financé à 100 % par SNCF Réseau une partie des petites lignes de trains actuellement prises en charge par les régions et l'État. Nantes-Bordeaux, par exemple. La note supplémentaire atteindrait 1,4 milliard d'euros sur dix ans.

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