Alstom : naissance du numéro deux mondial de la construction ferroviaire

Avec le rachat de Bombardier Transport, qui sera officiel le 29 janvier, Alstom devient le numéro deux mondial du secteur de la construction de matériel ferroviaire derrière le groupe chinois CRRC, avec une position dominante en France.
Alstom finalise vendredi 29 janvier le rachat de Bombardier Transport. L'opération de rachat de Bombardier Transport par le constructeur ferroviaire français, qui devrait coûter un maximum de 5,3 milliards d'euros au groupe français, donnera naissance à un groupe pesant 15,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires, avec un carnet de commandes atteignant les 71,1 milliards. Alstom emploiera quelque 75.000 personnes dans 70 pays, le siège mondial ne bougeant pas de Saint-Ouen, près de Paris. La Caisse des dépôts et de placement du Québec en deviendra le premier actionnaire avec 18 % du capital, Bouygues descendant à 6 %.

Sur le marché du ferroviaire, Alstom va devenir "le leader mondial en dehors des Chinois, un numéro deux qui distancera quand même d'assez loin le numéro trois" Siemens Mobility, observe Bertrand Mouly-Aigrot, directeur général du cabinet de conseil Archery.

Une menace chinoise

La menace du chinois CRRC avait officiellement motivé le projet de fusion entre Siemens Mobility et Alstom, bloqué par la Commission européenne en février 2019. Un an après l'échec de ces fiançailles franco-allemandes, les difficultés du conglomérat canadien Bombardier ont permis à Alstom de rebondir en faisant une offre sur sa partie ferroviaire pour sortir du lot.

"Dans le deal précédent, c'est Siemens qui avait l'ascendant, alors que là c'est clairement Alstom", remarque François Guénard, consultant chez Roland Berger. L'affaire a été rondement menée. "On n'a pas eu de problème avec les autorités de la concurrence parce que précisément, marché par marché, nos points forts sont leurs points faibles et réciproquement", confirme Henri Poupart-Lafarge, le PDG d'Alstom. Alstom et Bombardier "ont un historique de coopération, notamment en France. Ils se connaissent, et sont moins concurrents frontaux qu'Alstom et Siemens ne le sont", confirme Bertrand Mouly-Aigrot. "Il y a moins de doublons, et plus de complémentarités dans leur portefeuille de produits et de services."

En France, Alstom récupère la plus grosse usine ferroviaire du pays à Crespin (Nord). Le groupe va employer environ 11.500 personnes dans l'Hexagone, avec des ventes de 3,2 milliards d'euros, dont 30 % destinés à l'export. Alstom et Bombardier étant jusque là en situation de quasi duopole, leur association sera archi dominante sur le marché français, où seuls Siemens et l'espagnol CAF ont jusqu'à présent placé leurs produits.

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