Dans le hall des volailles de Rungis, chapons et foie gras sont au rendez-vous, mais certaines dates limite de consommation sont presque dépassées. Des volailles restent sur le carreau, invendues. "Du jamais vu à cette période de l'année", souffle un grossiste. À quelques jours de Noël, Rungis, le ventre de Paris, qui distribue des produits frais venus de toutes les régions de France et du monde entier, n'est pas à la fête.
Les grèves et manifestations contre la réforme des retraites perturbent la restauration, le commerce, le tourisme et réduisent la consommation de produits frais en Île-de-France, à une période cruciale pour le marché de gros qui dessert 18 millions de personnes, et pour qui le mois de décembre compte double. Aucun problème d'approvisionnement jusqu'à présent : les poulardes de chair rivalisent avec des poissons à l’œil luisant. Les bocaux regorgent de truffes fraîches et de morilles séchées.
Aux fruits et légumes, qui représentent 70 % des arrivages de Rungis, la mode du véganisme a stimulé les imaginations pour les repas de fête. La maison Butet propose de délicates betteraves striées de rose, des mini-carottes arrivées de la région d'Angers, ou des fleurs de pensées jaunes ou violettes, cultivées à 30 km de Paris.
Mais les clients manquent à l'appel. "Zéro pré-commandes d'huîtres ou de homards, c'est le néant cette année" : bonnet marin sur la tête, Véronique Gillardeau, ostréicultrice en Charente-Maritime et nouvelle patronne de la maison Blanc, l'un des principaux grossistes en coquillages du marché, a du mal à cacher son inquiétude lors de la visite de presse organisée comme chaque année pour les préparatifs des fêtes de fin d'année.
"Nous avons ici à Rungis des gens qui auront 60 ans bientôt, qui travaillent la nuit, dans le froid, qui n'auront absolument pas la même retraite que ceux qui sont en train de nous bloquer", dit Véronique Gillardeau. Quelques chariots portant des bourriches d'huîtres, des coquilles Saint-Jacques sont pourtant alignés, des livraisons individuelles préparées pour les restaurants parisiens. "Mais il y en a si peu par rapport à d'habitude", regrette-t-elle.
Les encombrements routiers dès l'aube découragent certains acheteurs pour des restaurants ou des primeurs qui avaient pris le soin de faire des réserves avant le début de la grève. Mais c'est surtout l'annulation de salons, conventions et réservations dans les hôtels et restaurants qui pèse sur Rungis, centrale d'achat du commerce de proximité et de la restauration parisienne.
Au Pavillon traiteur, Florence Hardy, présidente de la maison Medelys qui alimente les chefs de cuisine de restaurants gastronomiques, n'est "pas très sereine". "Nous avons besoin de 30 % de temps en plus pour faire les tournées en raison des embouteillages, et nous avons une forte baisse des commandes", explique-t-elle devant une table de jambons bellota et de caviar français. "Ce qui est inquiétant, c'est que c'est la seconde année et les clients partis ne reviennent pas toujours" : l'an dernier, le mouvement des gilets jaunes lui avait fait perdre "12 à 14 % de son chiffre d'affaires en novembre et décembre".
Crainte d'une grève des transporteurs
Pour autant, aucun des fournisseurs ne baisse les bras. "Pour l'instant c'est la catastrophe ici, mais on espère que cela va se débloquer avant Noël", indique Frédéric Masse, de la maison du même nom spécialiste en foie gras "depuis 1884", selon sa carte de visite. Dans d'autres villes où il est implanté, les choses vont mieux, assure-t-il.
Stéphane Layani, président du marché, note que, l'an passé, Rungis a maintenu son chiffre d'affaires malgré les gilets jaunes. "La dernière semaine de décembre a tout rattrapé", se rappelle-t-il. "Cette année, c'est surtout le secteur de la restauration parisienne haut de gamme qui est touché, et tous les dîners de gala annulés ici et là."
Rungis a activé une cellule de crise, dirigée par le directeur du marché, Dominique Battani, chargé de veiller aux approvisionnements, mais certains s'inquiètent d'une grève des transporteurs, qui bloquerait les camions.
Aux fruits et légumes, qui représentent 70 % des arrivages de Rungis, la mode du véganisme a stimulé les imaginations pour les repas de fête. La maison Butet propose de délicates betteraves striées de rose, des mini-carottes arrivées de la région d'Angers, ou des fleurs de pensées jaunes ou violettes, cultivées à 30 km de Paris.
Mais les clients manquent à l'appel. "Zéro pré-commandes d'huîtres ou de homards, c'est le néant cette année" : bonnet marin sur la tête, Véronique Gillardeau, ostréicultrice en Charente-Maritime et nouvelle patronne de la maison Blanc, l'un des principaux grossistes en coquillages du marché, a du mal à cacher son inquiétude lors de la visite de presse organisée comme chaque année pour les préparatifs des fêtes de fin d'année.
"Nous avons ici à Rungis des gens qui auront 60 ans bientôt, qui travaillent la nuit, dans le froid, qui n'auront absolument pas la même retraite que ceux qui sont en train de nous bloquer", dit Véronique Gillardeau. Quelques chariots portant des bourriches d'huîtres, des coquilles Saint-Jacques sont pourtant alignés, des livraisons individuelles préparées pour les restaurants parisiens. "Mais il y en a si peu par rapport à d'habitude", regrette-t-elle.
Les encombrements routiers dès l'aube découragent certains acheteurs pour des restaurants ou des primeurs qui avaient pris le soin de faire des réserves avant le début de la grève. Mais c'est surtout l'annulation de salons, conventions et réservations dans les hôtels et restaurants qui pèse sur Rungis, centrale d'achat du commerce de proximité et de la restauration parisienne.
Au Pavillon traiteur, Florence Hardy, présidente de la maison Medelys qui alimente les chefs de cuisine de restaurants gastronomiques, n'est "pas très sereine". "Nous avons besoin de 30 % de temps en plus pour faire les tournées en raison des embouteillages, et nous avons une forte baisse des commandes", explique-t-elle devant une table de jambons bellota et de caviar français. "Ce qui est inquiétant, c'est que c'est la seconde année et les clients partis ne reviennent pas toujours" : l'an dernier, le mouvement des gilets jaunes lui avait fait perdre "12 à 14 % de son chiffre d'affaires en novembre et décembre".
Crainte d'une grève des transporteurs
Pour autant, aucun des fournisseurs ne baisse les bras. "Pour l'instant c'est la catastrophe ici, mais on espère que cela va se débloquer avant Noël", indique Frédéric Masse, de la maison du même nom spécialiste en foie gras "depuis 1884", selon sa carte de visite. Dans d'autres villes où il est implanté, les choses vont mieux, assure-t-il.
Stéphane Layani, président du marché, note que, l'an passé, Rungis a maintenu son chiffre d'affaires malgré les gilets jaunes. "La dernière semaine de décembre a tout rattrapé", se rappelle-t-il. "Cette année, c'est surtout le secteur de la restauration parisienne haut de gamme qui est touché, et tous les dîners de gala annulés ici et là."
Rungis a activé une cellule de crise, dirigée par le directeur du marché, Dominique Battani, chargé de veiller aux approvisionnements, mais certains s'inquiètent d'une grève des transporteurs, qui bloquerait les camions.