C’est à 13h30 qu’ont retenti les cornes de brume et ont jailli les jets d’eau des remorqueurs pour marquer l’ouverture du « nouveau » port de Calais le jeudi 9 septembre en présence de 500 participants. Lancé en 2015 à l’initiative de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Calais alors concessionnaire du Port, le chantier comprend une digue de plus de 3 km, un bassin de 90 ha navigables baptisé « Charles de Gaulle », 65 ha de plateformes et de voiries, trois nouveaux postes d'accostage pour les ferries qui réalisent la liaison entre Calais et Douvres et un ensemble de 39 bâtiments nécessaires à l’exploitation et à l’accueil des clients et des touristes.
A cete occasion, des innovations ont été introduites : les passerelles roulières et flottantes des nouveaux postes permettent un chargement-déchargement des véhicules de tourisme et des poids lourds sur quatre voies simultanément au lieu de deux. Elles possèdent un système automatisé qui s’adapte aux différentes hauteurs de ponts de navires et aux mouvements liés aux opérations ainsi qu’aux marées. Le nouveau port dispose d’un dispositif de largage d’amarres automatique.
Un chantier pensé dès 2003
« Port Calais 2015 » a été pensé dès 2003 pour maintenir la compétitivité et les capacités du port face à l’évolution du trafic transmanche en accueillant les nouvelles générations de ferries de plus de 220 m de long qui requièrent des quais d’accostage plus longs et dont les manœuvres nécessitent des bassins plus larges. C’est ce qu’a rappelé Jean-Marc Puissesseau, le PDG la Société d’exploitation des ports du Détroit (SEPD) : « C’est un projet raisonnablement ambitieux et non pas trop ambitieux. Je n’ai pas de doute sur la rentabilité du nouveau port car il a été pensé évolutif. Il compte trois nouveaux postes à quai aujourd’hui mais cinq à six autres pourront être rajoutés au cours du temps ». Sur « l’ancien port », trois postes à quai resteront opérationnels.
Relais de croissance, le fret non accompagné
Pour le dirigeant, l’un des axes de croissance repose sur le fret non accompagné pour lequel DFDS a lancé en juillet la ligne Calais-Sherness. Irish Ferries, présente depuis fin juin 2021 à Calais, est aussi sur ce segment. La réalisation d’un terminal d’autoroute ferroviaire en 2015 s’inscrit dans cette perspective avec l’opérateur VIIA et ses lignes depuis Calais vers Le Boulou, Orbassano et Mâcon.
La reprise du trafic passagers, frappée par la crise sanitaire en 2020, constitue un autre enjeu pour le port et les compagnies qui y opèrent (DFDS Seaways, P&O Ferries et Irish Ferries). Le nouveau bâtiment dédié aux voyageurs et le retour du duty-free, qui avait disparu en juillet 1999 (DFDS a remporté l’appel d’offres pour l’ouverture de la boutique qui sera effective en octobre), s’inscrivent dans cette dynamique. L’intégration du port dans la ville et son ouverture vers les riverains constitue aussi une priorité avec des espaces en front de mer.
L’extension du port de Calais a nécessité un investissement de 863 M€, financés via un montage public-privé : 89 M€ en autofinancement ou quasi fonds propres, 504 M€ par émission obligataire d’une maturité de 40 ans, souscrite par des fonds gérés par Allianz GI, et 270 M€ de fonds publics (intégralement préfinancés par la région Hauts-de-France et 98,6 M€ de l’Union européenne).
La mise en service du « nouveau » port de Calais et ses trois postes à quai est prévue le 4 octobre.
Clotilde Martin