Le temps passe et rien ne change. Le port planté en bordure de la Méditerranée, à l’Ouest de la Sicile, veut à nouveau se positionner comme l’un des plus importants chantiers navals de la région, notamment sur le marché des paquebots de croisière. C’est tout le sens du protocole d’accord industriel qui a été signé début février entre l’Autorità di sistema portuale del Mare di Sicilia Occidentale (AdSP) et le chantier naval italien Fincantieri.
Afin de repositionner Palerme comme « pôle majeur de construction navale », les deux signataires prévoient de doter les installations portuaires de nouveaux accès, tant terrestres que maritimes, ainsi que de nouvelles infrastructures, afin de recentrer toute l’activité de construction navale sur une même et unique zone. Une sorte de « renaissance » d’une zone industrielle « confuse » autour de laquelle toute une ville s’est construite peu à peu. Elle devrait être ainsi structurée autour de l’activité de Fincantieri.
Outre la mise à disposition de nouveaux terrains et espaces, il est également envisagé la réalisation d’un nouveau bassin de carénage d’une capacité d’accueil de navires de 150 000 tonneaux, soit les plus grands du marché actuel, ainsi qu’un quai de 300 m de long au nord des installations portuaires. Fincantieri, qui s’est engagé à investir 20 M€ en 2019-2020 dans les nouvelles installations, souhaite ainsi, de concert avec l’autorité portuaire de Palerme et l’État italien, faire jouer à Palerme un rôle de premier plan sur le marché mondial de la construction navale.
Mais Palerme n’est pas seulement le Saint-Nazaire du Sud, c’est aussi une « conqua d’oro » (coquille d’or) accueillante et rassurante quand on l’aborde par la mer. Un abri protecteur et enveloppant dans lequel viennent se lover depuis 5 000 ans tous les navires de Méditerranée. Depuis ses origines, le port de Palerme est à la croisée des routes maritimes de « Mare Nostrum », au carrefour entre Asie, Afrique et Europe. Les Phéniciens, qui en firent un des comptoirs les plus importants de Méditerranée, l’avaient bien compris. Déjà, à l’époque, « Panome » (Palerme pour les Phéniciens) est à la fois un port et un chantier naval d’importance majeure, rival du port grec Syracuse. C’est d’ailleurs de Palerme et de ses chantiers que sortirent ces fameux bateaux phéniciens « à coques rondes et noires » jalousées par les Grecs de L’Odyssée.
5e port d’Italie
Aujourd’hui, le 5e port de commerce d’Italie – 22 Mt dont 7 millions pour le seul roulier – accueille chaque année un peu plus de navires de croisières, avec en 2018, une progression à deux chiffres (près de 20 %) à plus d’un demi-million de passagers. Son activité ferries est assurée par quatre compagnies maritimes (Grandi Navi Veloci, Tirrenia, Sardinia Ferries, Liberty Lines) qui assurent la desserte de l’Italie et de la Tunisie et totalisent près de 3 millions de passagers chaque année.