Le gouvernement nigérian entend mettre fin au vol et à la contrebande de pétrole à grande échelle évalués à plusieurs millions de dollars par jour.
Il a mis sur pied une commission d'enquête pour démasquer les ressortissants nationaux et étrangers impliqués dans ce trafic, connu localement sous le nom de « soutage » et qui finance la rébellion séparatiste du delta du Niger. « Une fois identifiés et capturés, ils seront considérés comme ennemis de l'État », a déclaré le ministre de la Défense Godwin Abbe, à l'Université de la défense nationale d'Abuja le 15 septembre. Sous le couvert d'actes militants, les membres d'un réseau du crime organisé siphonnent des oléoducs et détournent des barges chargées de pétrole brut. Ensuite, les cargaisons volées sont transportées par mer hors du pays et vendues sur le marché international. Selon des experts en sûreté, les « pirates » agissent en collusion avec des autorités locales, des agents maritimes internationaux et des membres des forces de sécurité, qui ferment les yeux. Les pertes de l'État nigérian et de compagnies pétrolières étrangères comme Shell et Chevron sont estimées à 100 000 barils par jour en moyenne, soit 7 M$ par jour ou 2,5 Md$ par an aux prix actuels. De son côté, l'organisation humanitaire Human Rights Watch multiplie ces chiffres par deux ou trois pendant les périodes de pointe.
Par ailleurs, le gouvernement a engagé un programme d'amnistie dans le delta, accordant une grâce présidentielle aux « pirates du pétrole » s'ils rendent leurs armes. Il anticipe la reddition prochaine de hauts dirigeants rebelles, qui contrôlent des milliers de combattants dans la région. Toutefois, les sceptiques mettent en doute l'efficacité de l'amnistie seule pour assurer une stabilité durable et recommandent des mesures plus larges contre la pauvreté et le chômage, qui touchent une grande partie de la population du pays.