Alors que de nombreux Airbus A380 rejoignent actuellement les centres de stockage d’avions de Châteauroux, Tarbes, Teruel (Espagne) et Alice Springs (Australie), une nouvelle carrière semble se profiler pour l’avion géant européen. Son immense volume interne (1 570 m3) en fait un candidat tout désigné, en effet, pour une conversion cargo temporaire. D’autant que les besoins du fret aérien sont plus que jamais importants du fait de la disparition provisoire des capacités en soute offertes à bord des vols passagers en ces temps de crise sanitaire. L’Airbus A380 va donc s’ajouter à la longue liste des types d’appareils (incluant l’Airbus A330) qui reprennent la voie des airs grâce à leur transformation provisoire en version tout cargo.
Un premier appareil en cours de transformation
C’est donc dans ce contexte que le géant de la maintenance aéronautique, Lufthansa Technik, travaille actuellement à la conversion d’un de ces appareils. La société allemande n’a pas, pour l’heure, souhaité révéler l’identité du client concerné. Elle précise néanmoins avoir obtenu le feu vert pour prendre en charge cette conversion qui pourrait, par la suite, être proposée sur une base permanente.
Selon Henning Jochmann, directeur principal de la maintenance et des modifications sur aéronefs de Lufthansa Technik, "les modifications iront bien au-delà de la seule dépose des sièges passagers. Car il convient de prendre en compte les charges supportées par le plancher des appareils ainsi que les considérations au plan de la sécurité liées à l’emport de fret au sein d’une cabine passagers". Les cargaisons légères, telles que celles transportées actuellement pour faire face à la crise sanitaire, seront donc fixées au plancher à l’aide des rails prévus pour les sièges.
Un précédent
Il va être intéressant, à présent, de voir combien d’appareils seront effectivement transformés de manière provisoire ou permanente en version cargo. Une version cargo aurait dû voir le jour sous la forme de l’A380F (pour Freighter) qu’Airbus avait réussi à commercialiser à vingt-sept exemplaires au total. Dix de ces appareils capables de transporter 150 tonnes de fret sur 10 400 km avaient été commandés par FedEx, dix autres par UPS, cinq par la société de location ILFC et deux par Emirates SkyCargo. Lassé du retard pris dans la bonne exécution du contrat, FedEx avait finalement annulé sa commande au profit de Boeing 777Freighter biréacteur début novembre 2006. Les autres contrats ont été annulés à leur tour l’année suivante, marquant la fin du programme A380F.