Logistiques Magazine : Depuis le 2 janvier 2014, vous avez pris les rênes de Ceva Logistics. Quel diagnostic faites-vous de cette entreprise que la presse dit "convalescente" ?
Xavier Urbain : Ceva est une affaire très mondiale, présente sur les cinq continents (1). De par cette assise planétaire, le groupe est plus proche des trois gros opérateurs germaniques (Kuehne + Nagel, DHL, Schenker) que des Français Geodis ou Dentressangle. Nous opérons sur quatre métiers (aérien, maritime, route, contract logistics). En logistique contractuelle, nous sommes au deuxième rang mondial, avec un chiffre d’affaires de près de 4 milliards d’euros. À titre de comparaison, on est trois fois plus gros que Schenker et très loin derrière DHL, qui réalise un chiffre d’affaires de 14 milliards d’euros. Contrairement à ce qui s’écrit, Ceva a toujours été une affaire très profitable. On a gagné 214 millions d’euros en 2013 en EBITDA. En fait, le problème vient d’une dette qui générait des frais financiers très élevés. Mais cela est en passe d’être résolu. L’entreprise a été recapitalisée en mai 2013, la dette vient d’être refinancée à hauteur de 1,5 milliard d’euros et on a repoussé sa maturité à 2017-2018.
L. M. : Quelle est votre stratégie pour Ceva Logistics ?
X. U. : Aujourd’hui, Ceva est structurée par zones géographiques. Le nouveau plan stratégique, qui doit être finalisé en mai 2014, permettra de mettre en place une organisation plus matricielle par zones géographiques, mais aussi par activités. Nous sommes déjà le premier acteur mondial de la logistique des pièces détachées automobiles. Nous souhaitons aussi mettre l’accent sur l’aerospace et la pharmacie et nous positionner sur l’oil & gas dans la zone Afrique/Moyen-Orient. En termes de métiers, nous allons investir lourdement sur l’aérien et le maritime en développant une offre pour des clients de taille intermédiaire. En tant qu’entreprise familiale proche du client, nous avons une carte à jouer sur ce segment… c’est indéniable ! Pour mettre cette stratégie en musique, nous allons développer de nouvelles agences là où nous sommes peu présents et doubler notre force de vente avec le recrutement de 500 commerciaux dans le monde. À l’heure où tout le monde parle de "big bang supply chain", notre priorité numéro 1 est de nous focaliser sur une exécution opérationnelle excellente et standardisée partout dans le monde. L’idée est d’orienter Ceva totalement vers ses clients.
L. M. : Vous revenez dans le monde de la logistique après quatre ans de "trêve". Pourquoi avoir accepté ce nouveau challenge chez Ceva et quel nouveau regard portez-vous sur ce paysage et les entreprises qui le composent ?
X. U. : Le monde de la logistique a moyennement évolué. Les gros sont devenus encore plus gros. La guerre des prix et la pression sur les coûts sont de plus en plus fortes. Prendre la présidence de Ceva Logistics était pour moi une opportunité, un challenge intéressant. C’est un métier que j’aime, un métier de femmes et d’hommes fondé sur l’humain. Quand on a les bonnes équipes, on a les bons process et on ne peut que créer de bonnes entreprises.
(1) Répartition du chiffre d'affaires de Ceva Logistics : Europe : 35 % ; Amérique : 30 % ; Asie : 25 % et Afrique/Moyen-Orient : 10 %.