"Il est un peu tôt pour parler de fiasco, mais on ne va pas nier qu’il y a quelques difficultés. Rien n’est gagné, mais rien n’est perdu", a déclaré le 23 février 2016 Hervé Martel, le directeur général du port du Havre, devant une dizaine de journalistes. Le nouveau propriétaire de la plate-forme multimodale a évoqué la feuille de route qui est désormais la sienne alors que l’exploitant, Le Havre Terminal Exploitation (LHTE) se trouve en redressement judiciaire depuis le 23 octobre 2015 avec une poursuite d’activité jusqu’au 23 avril 2016.
Si la période d’observation était prolongée d’un an après cette date (la durée maximum d’un redressement judiciaire est de 18 mois), "nous aurions un an devant nous pour travailler à la recherche de l’équilibre économique du terminal multimodal, dans le cadre du redressement judiciaire", a expliqué le directeur.
Report de l'exigibilité des loyers
Hervé Martel a précisé que la plate-forme livrée en juin 2015 par LH2T n’avait commencé à fonctionner qu’en janvier 2016, mais uniquement pour la partie fluviale.
Le directeur a confirmé que l’exploitant s’est trouvé dans l’impossibilité de payer ses loyers faute d’activité du terminal et de rentrées d’argent, ce qui l’a conduit à déposer le bilan. C’est aussi cette réalité économique qui a conduit LH2T à résilier l’autorisation d’occupation temporaire (AOT) sur le domaine public maritime qui le liait au port du Havre. Et qui conduit aujourd’hui le port du Havre à "reporter l’exigibilité de ses loyers".
"Manque de coordination"
Le nouveau propriétaire, qui a les coudées plus franches pour s’exprimer, s’estime aussi "en situation d’agir car désormais propriétaire de l’infrastructure et en relation directe avec l’exploitant". Hervé Martel a indiqué que la SNCF et le groupe CMA CGM avaient exprimé la "volonté forte" de rester actionnaires de LHTE, deux autres opérateurs ayant souhaité se positionner désormais en tant que "clients" de la plate-forme.
Hervé Martel a déclaré qu’il y avait eu, par le passé, un "manque de coordination" entre la plate-forme elle-même et le système de navette ferroviaire intra portuaire qui assure la collecte des conteneurs depuis les terminaux maritimes. Cette navette est opérée par NRS, une filiale de la SNCF, dans le cadre d’une délégation de service public avec le port du Havre propriétaire des wagons.
"Offrir un service clair à un prix donné"
"Je ne suis ni rassurant, ni catastrophiste, mais pragmatique. L’enjeu désormais est d’offrir un service clair à un prix donné", a expliqué Hervé Martel. Le "prix d’objectif" est de l’ordre de 70 euros (l’unité de transport intermodal) et se décompose en 25 euros pour le prix de passage "navette" et 45 euros pour prix de passage par la plate-forme multimodale, a précisé Hervé Martel. "Il est évident que si l’on sort à 150 euros, il n’y a plus de sujet", a-t-il plaisanté, ce prix n’étant pas compétitif par rapport à la route.
"J’ai bon espoir qu’à l’été, nous aurons un niveau de service clair à proposer aux clients. Le premier train est prévu pour le 20 mars 2016", a précisé Hervé Martel.