Philippe Deiss, directeur général du port de Rouen et président d’Haropa

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"Haropa proposera l’ingénierie nécessaire pour initier de nouvelles chaînes de transport", Philippe Deiss, directeur général du port de Rouen et président d’Haropa.

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Les ports de Paris, de Rouen et du Havre travaillent depuis quelques semaines à une offre commerciale commune sous la marque Haropa, avec l’intension de mieux répondre aux attentes des utilisateurs. Philippe Deiss explique ce que les chargeurs peuvent attendre de cette démarche, rendue possible par l’aboutissement de la réforme de la manutention portuaire en 2011.

Logistiques Magazine : Le 19 janvier, les directeurs des ports de Paris, de Rouen et du Havre ont annoncé la création d’un GIE commun, Haropa, dont l’objet est de développer des offres commerciales communes, est-ce une conséquence de la réforme portuaire achevée en 2011 ?
Philippe Deiss : Il n’y avait pas que la réforme de la manutention dans la réforme portuaire de juillet 2008, il y avait également la coordination des ports par façade et par axe. La coordination des trois ports d’Haropa était inscrite dans le texte de la réforme, avec la création du conseil de coordination interportuaire de la Seine. Les directeurs de ces ports avaient envie d’aller plus loin que la simple entente dans le cadre d’une stratégie d’axe. Mais nous ne pouvions pas tout faire en même temps, nous n’en avions pas les moyens. Annoncer la création d’Haropa il y a deux ans, alors que les ports étaient agités, que les salariés étaient en grève et que nous travaillions avec les manutentionnaires à sauver des escales, aurait été totalement hors sujet. Mais oui : c’est le franchissement de ce cap colossal qui nous a permis de concrétiser une alliance beaucoup plus forte entre les trois ports. Le principe d’une structure comme Haropa était inscrit dans la réforme des ports, mais cela ne pouvait pas se faire avant la réforme de la manutention : aujourd’hui, les manutentionnaires ont l’entière maîtrise des opérations pour lesquelles ils sont missionnés par les chargeurs.

LM : Lors de la présentation d’Haropa, vous avez insisté sur la vocation du GIE à proposer des offres intégrées door to door, qu’est-ce que cela signifie concrètement pour vos clients chargeurs et logisticiens, qu’allez-vous pouvoir leur dire maintenant que vous n’auriez pas pu leur dire avant la fin de la réforme et avant la création d’Haropa ?

Ph. D. : Nous avons identifié cette attente d’intégration dans le cadre des réflexions sur l’axe Seine et, sincèrement, il n’aurait pas été possible de le faire quand chacun était occupé à régler les problèmes de son port. Cette demande s’exprimait d’autant moins qu’aucun interlocuteur susceptible d’y répondre n’existait dans les ports. Ce que souhaitent finalement les clients est que notre "cuisine" interne reste en arrière-plan. Pour eux les questions sont simples. Ils veulent être certains que lorsque leurs marchandises arrivent, ils puissent compter sur une solution logistique adaptée à leur besoin, du Havre à Paris, du Havre à Rouen ou de Rouen à Paris. Pour répondre à ces questions d’intégration des flux avec un objectif door to door, Haropa ira chercher les ressources. Le GIE n’est cependant pas commissionnaire de transports ! C’est une "porte d’entrée" qui recevra les demandes et proposera l’ingénierie nécessaire pour initier de nouvelles chaînes de transport sans préjuger du nom du ou des prestataires qui les réaliseront.

LM : La volonté du GIE d’étendre l’hinterland des trois ports en s’appuyant sur des systèmes de transport massifié peut reposer sur la Seine jusqu’en région parisienne. Au-delà, c’est au ferroviaire d’entrer dans le jeu. Est-ce que Haropa, ou l’un des ports pour le compte des autres, a vocation à devenir opérateur de ses propres services ferroviaires ?

Ph. D.
 : Nous n’avons pas vocation à être armateur d’une ligne de bout en bout ou à devenir opérateur ferroviaire. Je préconiserais de rester dans le champ de l’ingénierie. Nous aviserons de façon très pragmatique car notre but est que ce que nous construisons fonctionne. Nous ne nous interdisons pas, si cela devait être nécessaire, d’être nous-mêmes opérateur, mais pas en dehors d’un cadre de viabilité économique. Nous ne pouvons pas ignorer non plus qu’à un moment donné le montage de chaînes logistiques va être confronté à la réalité du marché et de l’offre de certains opérateurs. En particulier, nous ne nous substituerons pas à des prestataires du marché pour assurer des opérations non rentables. Et je considère que si un trafic repose sur de bonnes bases économiques, il doit intéresser un prestataire… Le rôle d’Haropa est de veiller à la diversité des opérateurs. 

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