Dubitatifs, nous nous demandions il y a peu, ce qu’il pourrait bien sortir de la Conférence nationale sur la logistique qui s’est tenue à Paris le 8 juillet 2015... Étonnés, nous y avons trouvé un "ministre de la logistique", ce qui constitue une "première" en France. Venu clôturer un colloque plutôt poussif, rendant mal compte de la richesse des travaux menés pendant plusieurs mois au sein de quatre groupes de travail, Alain Vidalies, secrétaire d’État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, a surpris des participants venus nombreux en prononçant un long discours qui a dessiné les premiers contours d'une véritable politique française de la logistique.
De façon totalement inattendue, le ministre a donné une substance à un concept jusqu’alors totalement indéfinissable. Il a décrit les grandes lignes d’une politique phasée, étonnamment réaliste, visant à améliorer la performance logistique de la France destinée à soutenir celle des entreprises. Devant la diversité des sujets et le nombre des acteurs économiques concernés, le ministre a fait part de son intention de s’inscrire résolument dans une démarche interministérielle qu’était venue accréditer la présence, lors de la Conférence, d’un représentant d’Emmanuel Macron ministre de l’Économie, de l’industrie et du numérique.
La logistique devra être inscrite au programme de tous les plans de développement régional
Dans ce contexte, Alain Vidalies a expliqué que la Conférence nationale sur la logistique n’a été jusqu’alors qu’une première étape de consultation. "Nous voulions savoir précisément ce qui était attendu (de la part des acteurs de la logistique, NDLR) de l’État et des pouvoirs publics", a dit le ministre, rappelant que les groupes de travail avaient déjà formulé plus d’une centaine de propositions. Il a ensuite indiqué que la Conférence allait maintenant poursuivre son action sous forme d’une instance de réflexion au travers de laquelle l’Etat va définir plus précisément quel sera son rôle.
Alain Vidalies a indiqué que cette démarche, baptisée France Logistique 2025, devrait aboutir d’ici la fin de l’année à la présentation d’une Stratégie nationale. Et il a d'ores déjà souligné que, hors ce qui pourra être fait par les administrations centrales sur la simplification ou la facilitation des procédures, la vocation de l’Etat est d’être l’animateur de concertations et de partage d’expériences dont les points d’appui principaux s’agissant de logistique, seront "les nouvelles régions et les métropoles". Pour le ministre, la logistique devra être inscrite au programme de tous les plans de développement régional, il a également soutenu l’idée que "l’agilité logistique" devra figurer en bonne place dans le plan "Usine du futur" et insisté sur l’importance dans son projet des enjeux liés à l’emploi et à la formation.
Un projet économique et sociétal ambitieux mais réaliste
Le trait le plus marquant de cette déclaration d’intention est probablement son pragmatisme. Le ministre n’a pas caché qu’il faudra d’abord optimiser l’existant. Sur ce point, il a manifestement entendu Michel Savy, auteur du rapport scientifique destiné à lancer la Conférence qui, s’exprimant à la tribune sur le sujet précis des infrastructures, a expliqué que les arbitrages budgétaires de "retour à la réalité" ayant été pris à la suite du rapport Duron, ce qui reste à faire désormais est de "travailler sur des choses beaucoup moins glorieuses que sont l’entretien, la régénération, la réorientation totale des dépenses".
Enfin, en rappelant qu’une politique de la logistique en France demandera aux entreprise de s’engager, le ministre faisait écho à l’évidence à des propos de Gérard Lahellec, vice-président de la Région Bretagne chargé de la mobilité et des transports, qui venait d’expliquer en substance que la Région est prête à construire des routes, à condition qu’elles soient nécessaires à des systèmes logistiques déjà optimisés et à condition de disposer d’un minimum d’assurances sur le niveau des trafics... Un projet économique et sociétal ambitieux mais réaliste, une concertation, une méthode, un calendrier. Tous les ingrédients d’une politique digne de ce nom sont réunis.
La logistique a donc désormais un ministre en la personne d’Alain Vidalies. Reste à savoir s’il sera efficace dans l’action et surtout s’il réussira à trouver, même a minima, les relais nécessaires dans les prochaines lois de finances. Nul doute que les acteurs de la Conférence nationale sur la logistique sauront se montrer exigeants et vigilants maintenant qu’ils disposent d’un lieu pour se concerter et s’exprimer collectivement.
Sondage : le "oui" l'emporte à 53 %
Par un rapide sondage effectué à la veille de Conférence nationale sur la logistique, Logistiques Magazine a demandé aux 14 000 lecteurs de sa newsletter électronique s’ils en attendaient une suite concrète. Avec une centaine de réponses, le moins qui se puisse dire est que le sujet n’a pas enthousiasmé les foules. Mais ceux qui ont répondu "oui" étaient les plus nombreux, de justesse : 53 %.
Pour aller plus loin :
Consulter la page consacrée à la Conférence Nationale sur la Logistique sur le site du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie.
Au sommaire :
• Conférence nationale logistique : vers une stratégie France Logistique 2025
• La Conférence nationale sur la logistique : une démarche de consultation inédite
• Qu’est ce que la logistique ? Enjeux et chiffres clés
• Les objectifs de la Conférence nationale sur la logistique
• Faire de la logistique un secteur clé de la compétitivité du pays
• La logistique - Tour d’horizon (édition mars 2015)