Logistiques Magazine : Le premier conseil d’orientation de France Logistique 2025 s’est tenu il y a quelques jour, le 21 mars. Pourquoi cette réunion ?
François-Michel Lambert : Il s’agit de faire vivre la stratégie France Logistique 2025, initiée en mars 2016. Ce premier conseil d’orientation avait pour ambition de faire le tour des objectifs de ces prochaines années en matière de logistique. À travers un suivi des actions mises en place et la constitution d’un lieu d’échanges et de dialogues, nous voulons assurer la pérennité de ce qui a été engagé en 2015 avec la Conférence Nationale de la Logistique. Nous nous préparons à entrer dans une autre dimension dès 2018, avec le sujet de la logistique pleinement intégré dans l’exécutif national, au même titre que le numérique.
Ce n’est pas possible que la France continue à passer à côté d’un thème aussi critique pour sa performance. Pour exemple, avant de penser à réduire le montant des remboursements de la Sécurité sociale, il faudrait repenser la logistique de la santé : flux de médicaments, de patients, gestion des stocks, etc. En optimisant cette seule supply chain, nous pourrions économiser 5 milliards d’euros ! En appliquant cette logique à d’autres secteurs, l’économie pourrait être entre 20 et 60 milliards d’euros… Pour y parvenir, il nous faudra également disposer d’une véritable gouvernance logistique nationale, avec, a minima, un représentant interministériel.
L. M. : Qui était présent lors de ce premier conseil d’orientation ?
F.-M. L. : Une soixantaine de représentants de la logistique, dans un panorama à 360 degrés : des parlementaires, des membres des services de l’État, des chercheurs universitaires, des représentants d’associations de logistique et de transport, du monde professionnel, des membres des pôles de compétitivité, mais aussi des collectivités territoriales, représentées par celle des Hauts-de-France, très engagée dans la promotion de la logistique.
L.M. : Quels sont les grands thèmes que vous avez abordés ?
F.-M. L. : Les PME ont d’importantes marges de progression à faire en matière d’optimisation logistique. Un programme de formation et de communication doit donc être préparé à leur intention. Nous avons également parlé d’un référentiel RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) en cours d’élaboration, d’une alliance avec l’Industrie du Futur, de l’emploi avec une automatisation des process qui peut fragiliser certaines personnes, de l’aménagement du territoire avec une logistique levier d’attractivité pour le pays, de l’innovation et du numérique… Pour ce dernier thème, il ne faut en effet pas oublier que la logistique se définit comme le pilotage des flux de marchandises et des flux financiers, par les flux d’informations. La logistique sera donc, par définition, le premier service à devoir changer de paradigme au fil des évolutions technologiques et numériques.
L. M. : Est-ce que le résultat des prochaines élections, présidentielle et législatives, aura un impact sur l’avenir de France Logistique 2025 ?
F.-M. L. : Ce que nous mettons en place avec ce conseil d’orientation devrait pouvoir mobiliser et remobiliser des personnes connues et reconnues du monde de la logistique, quels que soient les gouvernements à venir. Mais il est évident que selon l’issue du scrutin et le gouvernement qui sera ensuite mis en place, la performance logistique de la France sera plus ou moins fragilisée... surtout si le projet est de refermer la France.