Chez Louis Vuitton, finies les présentations PowerPoint de 90 pages et les réunions qui durent des heures... Place au hackathon, au service de la supply chain.
Le groupe de luxe a adopté cette méthode une première fois en 2015, sur le thème du Big Data. Et face au succès de cette méthode, qui consiste à rassembler des équipes d'étudiants pluridisciplinaires durant 48 h autour de problématiques concrètes, Louis Vuitton a remis ça du 17 au 19 juin sur le thème : "unlock supply chain".
10 équipes à pied d'œuvre
Une cinquantaine d'étudiants, sélectionnés parmi 250 postulants, se sont répartis en 10 équipes, encadrées par des coachs Vuitton. Ils ont présenté leur modèle de logistique connectée pour l’enseigne de luxe après 48 heures de travail... et très peu de sommeil. Les candidats ne disposaient que de 3 minutes pour dévoiler le fruit de leur travail, complétées par 2 minutes de questions du jury.
C'est la solution construite par l’équipe surnommée "Plan!t", composée d’étudiants de l’ESG (École supérieure de gestion), de Télécom Paris-Tech et de l’EST (École supérieure des transports), qui a remporté le premier prix de la compétition : un voyage à Los Angeles où une visite d’un entrepôt, d’un atelier et de magasins Louis Vuitton sont prévues. De plus, les représentants de la marque les ont invités à continuer de travailler avec Louis Vuitton par la suite.
> Reportage dans les coulisses de ce hackathon supply chain en compagnie de Franck Le Moal, directeur des systèmes d'information de Louis Vuitton :
Un défi pimenté
Dans la vraie vie, Louis Vuitton, c'est 300 fournisseurs, 20 ateliers, 8 centres distributions régionaux, une plate-forme centrale et 450 magasins. Mais pour que le défi puisse être relevé en seulement 48 heures, les organisateurs ont adapté la réalité, avec seulement 13 fournisseurs, 7 ateliers, 6 centres de distribution régionaux et une plate-forme centrale, les magasins ne faisant plus partie du modèle.
Dans le panier du candidat se trouvaient également 554 références à vendre, avec comme indicateurs 2 ans d’historique des ventes, 300 nouveaux produits à intégrer et 200 qui allaient être retirés du réseau.
Les participants devaient par ailleurs utiliser la méthode des DDMRP (Demand Driven Material Requirement Planning) et construire leur modèle à partir de la plate-forme cloud de l’éditeur Anaplan. Et histoire de pimenter encore un peu plus l'affaire, des "stress cards" ont été distribuées aux candidats à mi-parcours du hackathon. Il s'agissait de tester le modèle construit pendant les premières 24 heures, face à un imprévu : épidémie de grippe dans un des ateliers, chute de l’euro face au yuan avec pour conséquence un déplacement du marché asiatique vers l’Europe, une photo de star publiée sur les réseaux sociaux boostant les ventes de 300 % avec de plus 1 000 réservations de faites…
Appliquer le concept au choix des transporteurs
Pour les équipes de Louis Vuitton, ce hackathon a permis de bousculer certaines certitudes : des profils qu’elles n’auraient jamais pensé à approcher par un réflexe de clonage lors des recrutements semblent finalement avoir beaucoup de choses à leur apporter.
De plus, l’exercice a donné l’idée à la direction supply chain d’appliquer le concept au choix de ses transporteurs d’ici à la fin de l’année : 3 entreprises autour de la table, un exercice imposé, une présentation en temps réduit, et une décision prise en 48 heures…
> Vincent Barale, directeur supply chain de Louis Vuitton, nous en dit plus sur les bénéfices de la démarche :