Les conducteurs routiers ont eu la primeur de l’action en cette semaine chargée sur le plan social. Dès 22 h, le lundi 16 mai 2016, les premières opérations ont eu lieu. Le mouvement s’est étendu mardi 17 mai à tout l’Hexagone.
Blocage de sites stratégiques
L’accès à la plupart des ports de l’Hexagone a été et demeure impossible. C’est le cas notamment au Havre, principal point d’accès des produits de grand import asiatique. Une action conjointe des dockers et des conducteurs routiers. C’est le cas également dans la zone portuaire de Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire, ainsi que sur le terminal portuaire de Bouguenais (44). "Tous les ports du pays ont dû cesser leur activité", a déclaré un représentant de la CGT à l’AFP.
Le mouvement des routiers se déroule également sous la forme de blocages de sites "stratégiques", comme c‘est le cas sur la plate-forme Total de Donges (44), d’opérations escargot ou de barrages filtrants. Les rocades de Bordeaux, Nantes, Caen, Dunkerque, Lorient, Calais et Marseille figuraient parmi les cibles les plus fréquemment citées. Des opérations escargot avec diffusion de tracts se déroulaient, parallèlement, sur les autoroutes A1, dans le sens Lille/Paris et sur l’A26, dans le sens Calais/Reims. Des militants CGT ont muré la permanence d’un député apprenait-on, également, de source AFP.
L'enjeu de la rémunération des heures supplémentaires
"Le mouvement va s’amplifier, mais cela ne dépend pas uniquement de nous", déclare Patrice Clos, le patron du transport chez FO. Selon ce dernier, les actions imputées aux routiers débordent du simple cadre des militants. "Il y a des salariés qui viennent nous rejoindre sur les barrages, car ils prennent conscience que c’est de leur porte-monnaie dont il s’agit".
Force ouvrière et la CGT, avec le soutien tardif de Sud, s’opposent à la perspective qu’offre la loi Travail aux entreprises du transport routier de marchandises de faire passer la majoration des heures supplémentaires de 25%/50% à 10%. "Pour un chauffeur qui fait 200 heures par mois, c’est 1 300 euros en moins sur la fiche de paie", déclare Jérôme Vérité (CGT) à l’AFP.
Cette disposition de la loi El Khomri cristallise tous les mécontentements des grévistes Mais pas seulement, selon Patrice Clos : "Nous sommes également opposés à l’inversion de la hiérarchie des normes. Si demain on peut déroger à la convention collective, on pourra tout se permettre", indique Patrice Clos.
Une menace d'extension du mouvement
Le mot d’ordre de grève des conducteurs routiers est reconductible. Pour l’heure, les actions de blocages ne concernent pas Paris et l’Ile-de-France. "En raison de diverses contraintes comme l’état d’urgence. Mais cela ne signifie pas que nous n’agirons pas d’ici la fin de la semaine", précise l’ancien conducteur routier devenu numéro un des transports chez FO.
Ce dernier menace d’étendre le mouvement aux autres catégories de transport (fonds, ambulances…) si le gouvernement fait la sourde oreille. "Je ne cèderai pas sur le projet de loi travail. Cette loi va passer parce qu’elle a été discutée, a été concertée, a été amendée", a déclaré le président de la République, François Hollande, ce mardi 17 mai sur Europe 1.
S’ils ne sont pas entendus, les syndicats grévistes du transport font planer la menace de nouvelles actions à l’occasion de l’Euro de foot qui démarre en France, le 10 juin. "On va les toucher à l’économie", assure Patrice Clos.
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