En 2015, selon les douanes françaises, la balance commerciale entre la France et le Royaume-Uni (1) a nettement penché en faveur de l’Hexagone, qui a conclu l’année avec un excédent de 12,2 Md€ (+ 1,1 Md€). Cette progression se traduit par une progression de ses exportations (+ 2,3 % sur un an à 31,5 Md€) et par un recul des importations (- 2,2 % à 19,3 Md€), notamment des produits énergétiques et, dans une moindre mesure, chimiques.
Presque tous les secteurs économiques sont dans le vert. Les produits agricoles et alimentaires enregistrent un excédent de 2,9 Md€ pour 8 Md€ échangés. Les équipements mécaniques, le matériel électrique, électronique, informatique et optique progressent, quant à eux, de + 4,8 % (+ 2 M€ de solde positif) alors que dans le même temps, leurs importations reculent de 3,5 % à 3,4 Md€.
Du côté des autres produits industriels, le solde affiche un excédent de + 5,9 Md€, en progrès de 2,6 % : le textile, l’habillement, les chaussures (+ 24,5 %) ; les filières bois, papier, carton (+ 34,8 %) et les parfums-cosmétiques (+ 5,6 %) connaissent les plus fortes augmentations.
Hausse du trafic transmanche sur un an
Inversement, les produits pharmaceutiques, les produits en plastique ou issus du caoutchouc marquent le pas et s’affaissent respectivement de 49,3 % et 4,7 %. Le solde de ces deux secteurs s’avère, malgré tout, positif.
Concernant le transport (automobile et aéronautique), l’excédent s’établit à 1,6 Md€ (– 0,4 %). Si la France a exporté, en 2015, pour près de 6,1 Md€ (+ 3,6 %) de matériels, elle en a, en revanche, beaucoup plus importé (+ 15,9 % à 4,6 Md€).
La balance des exportations d’automobiles se maintient (1,5 Md€) tandis que les échanges aéronautiques accusent un léger déficit (– 100 M€).
Ces bons résultats sont confirmés par une hausse du trafic transmanche sur un an. Le port de Calais (4e en France) a vu, en 2015, le nombre de poids lourds et remorques non accompagnées gagner 1,4 % de part de marchés pour s’établir à 1,84 million d’unités. Paradoxalement, le volume transporté régresse de 2,72 %. Quelque 41,55 Mt de marchandises ont franchi "the Channel".
Le flegme est français
Depuis 2013, la Grande-Bretagne marchait sur l’eau et affichait des performances bien supérieures à celles des grandes économies avancées. Son taux de croissance, en 2015, a même progressé de 2,5 %, soutenu notamment par sa consommation domestique. L’OCDE et le FMI ne cachent pas que le Royaume-Uni pourrait souffrir d’une sortie de l’UE. D’autant que ses résultats reposent sur la consommation et non sur l’investissement ou les exportations.
De plus, l’économie britannique, financée par une politique de bas salaires, présente une faible productivité et ses infrastructures sont jugées insuffisantes. L’endettement des ménages s’élève à 125 % de son PIB (l’un des plus importants des États de l’UE) et le risque d’une bulle immobilière s’avère important. Quant à la livre sterling, elle accuse un retrait de près de 15 % depuis un an face à l’euro et au dollar.
La victoire du "leave" au référendum génère, depuis, encore plus d’instabilité. Si la nature a horreur du vide, les acteurs économiques, quant à eux, détestent avant tout l’incertitude. Le 23 juin dernier, les citoyens britanniques se sont prononcés en faveur du Brexit. Ailleurs, le monde politique et des affaires s’impatientent. Il attend de la nouvelle Première ministre, Theresa May, qu’elle active – "le plus tôt sera le mieux", dixit François Hollande – le fameux article 50 du traité de l’Union. Lequel permettra d’entamer d’âpres négociations qui devraient aboutir à terme à la séparation économique entre le Continent et la Perfide Albion.
À Bercy, Michel Sapin se veut rassurant. Le ministre de l’Économie estime qu’il n’y a "pas d’inquiétudes particulières" à avoir pour la croissance nationale. Le gouvernement a même revu ses prévisions à la hausse. Face à toutes ces incertitudes, les transporteurs français, qui réalisent une partie de leur chiffre d’affaires au pays de sa Gracieuse Majesté, doivent-ils se montrer aussi optimistes ?
(1) 5e client et 8e fournisseur de la France, le Royaume-Uni demeure son premier excédent bilatéral.
> Lire l'intégralité du dossier dans L'Officiel des Transporteurs n° 2842-2843 du 22 juillet 2016 :
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