À horizon 2030, le recours à des camions autonomes devrait certes permettre de diminuer de 50 % à 70 % la pénurie de chauffeurs aux États-Unis comme en Europe. Mais il pourrait aussi rebattre sérieusement les cartes du marché de l'emploi de ce métier.
Sur de nombreux axes d'ici 10 ans
En effet, ce ne sont plus 6,4 millions de conducteurs qui seraient nécessaires en 2020 en Europe et aux État-Unis, mais entre 2 et 3 millions, selon les différents scénarios de développement du camions autonomes. Une telle tendance freinerait probablement les vocations. Mais même dans ces conditions, "la suppression de 2 millions d'emplois nets" est à craindre. C'est ce que révèle un rapport de 74 pages publié le 31 mai par le Forum international des transports (FIT) et réalisé avec le concours de trois organisations partenaires : l'association des constructeurs européens automobiles (ACEA), la Fédération internationale des ouvriers du transport et l'Union internationale des transports routiers (IRU).
Un scénario pas si éloigné qu’il n’y paraît puisque "les camions autonomes pourraient circuler couramment sur de nombreux axes routiers d'ici une dizaine d'années. Ils sont déjà présents dans des environnements contrôlés comme les ports ou les exploitations minières", résume José Viegas, secrétaire général du FIT.
Quatre préconisations
Pour préparer au mieux cette bascule vers le véhicule autonome, les rapporteurs encouragent les pouvoirs publics à :
- créer un conseil consultatif de transition, donnant des avis sur les questions ayant trait à l’emploi composé de représentants des syndicats, des entreprises de transport routier, des constructeurs de véhicules et des pouvoirs publics ;
- mettre sur pied un système de permis provisoire à destination des conducteurs employés par des entreprises expérimentant les camions autonomes. Ces dernières alimenteraient par ce biais un fonds destiné à assurer un soutien financier aux conducteurs licenciés ;
- définir des normes internationales (et non pas nationales) de règles routières et de réglementations techniques applicables aux camions autonomes ;
- poursuivre les projets pilotes pour tester les camions autonomes, les technologies réseau et les protocoles de communication sur les routes publiques, dans des corridors et zones désignés. Ceci afin "d’éviter que des investissements coûteux à l’échelle du réseau ne soient faits à mauvais escient ou fassent l’objet de spécifications trop étroites".