L’Officiel des Transporteurs : Dans votre document "Les perspectives des transports du FIT", le transport routier demeure pertinent sur la courte distance. Qu’en sera-t-il pour le camion autonome sur longue distance ?
José Viegas : D’un point de vue technologique et réglementaire, on peut concevoir une entrée du camion autonome sur le marché à l’horizon 2020. Au sein du FIT, nous menons une étude qui vise à savoir quand et comment la transition s’effectuera. Avec l’objectif de construire une transition harmonieuse.
Nous avons conscience que le secteur va connaître un bouleversement radical, lequel va dépendre des régulations de chaque pays et aussi, pour le cas des pays membres, de l’Union européenne. On observe que l’on peut arriver à des formules qui modifieront toute la chaîne logistique. Il ne s’agit pas seulement d’économie sur les coûts salariaux car le véhicule pourra rouler 24h/24. Les temps de desserte seront de facto divisés par trois et grosso modo à moitié coût par km.
L’étude sur le camion autonome concerne le transport sur autoroute car la disponibilité technologique est presque immédiate. En Europe, elle permettra de rouler sur le réseau autoroutier, par exemple de Lisbonne à Helsinki.
L’O.T. : Quel sera l’impact concret pour les transporteurs ?
J.V. : Sur un marché identique et prêt pour les véhicules autonomes, l’entreprise qui optera pour cette technologie mettra hors jeu, en quelques mois, un transporteur qui résistera. Non seulement les coûts seront moindres pour le client mais les marchandises livrées dans un temps plus court et les accidents de la route moins nombreux. Le camion autonome apporte toute une série d’avantages aux chargeurs.
L’O.T. : Quels seront les autres effets induits ?
J.V. : Il n’est pas évident que les petites entreprises puissent subsister. Je pense aux TPE et aux artisans transporteurs. Ceux qui ne se montrent pas enclins à bouger seront emportés par une vague digne d’un tsunami.
En outre, le camion autonome va imposer des adaptations en amont et en aval. Les fournisseurs et les clients de ces véhicules vont devoir se préparer à travailler avec un ensemble routier sans conducteur à bord. Pour les contrôles douaniers par exemple, il faudra prévoir des procédures de dialogue électronique avec le véhicule.