Pour contenir les émissions d’oxydes d’azote des moteurs diesel de camions dans les limites d’Euro 6, tous les constructeurs utilisent une injection d’AdBlue dans les gaz d’échappement (procédé SCR). Le dispositif qui en contrôle le bon fonctionnement peut être neutralisé par des logiciels pirates en vente sur Internet. Ce qui évite de remplir le réservoir d’AdBlue… (...)
La tricherie consiste à fournir une fausse information permanente à l’unité centrale de gestion : "tout va bien côté réduction catalytique" alors que le réservoir d’AdBlue est vide.
Les boîtiers électroniques pirates baptisés "émulateurs d’AdBlue" sont proposés sur Internet depuis l’application d’Euro 5 à des prix dérisoires (quelques dizaines d’euros) avec parfois un certificat de qualité décerné… en Chine ! Certains professionnels proposent la pose de boîtiers pirates de façon plus ambiguë, avec une activation temporaire pour arriver jusqu’à un point de ravitaillement en AdBlue.
Position des constructeurs
Les réseaux après-vente ont constaté des cas d’utilisation d’émulateur d’AdBlue sur des véhicules provenant notamment de pays de l’Est. Ils les ont alors éliminés. Mais dans le cas d’un système avec interrupteur, la détection est-elle possible ? Oui, car le dispositif d’injection d’AdBlue supporte mal l’inactivité prolongée alors que le moteur fonctionne, ce qui entraînera des coûts élevés lors d’une remise en état d’origine.
Daf et Scania ont adressé à leur réseau une circulaire précisant les conséquences légales de toute reprogrammation du moteur et des dispositifs de dépollution : perte de la garantie constructeur, perte du droit de circulation (non-conformité à l’homologation d’origine) et, par conséquent, perte de l’assurance.
Interdiction demandée
En 2012 l’ACEA, regroupant les constructeurs européens, avait déjà attiré l’attention de la Commission européenne et des États membres sur le risque de tricherie. Par une note du 27 février 2017, elle demande aux mêmes instances l’interdiction de la promotion et de la commercialisation des dispositifs neutralisant les systèmes de sécurité et la mise en place sur les axes routiers de contrôles aléatoires par les forces de police. Ainsi qu’un barème d’amendes dissuasif…
Dans un rapport d’information présenté à l’Assemblée nationale en octobre 2016 par les députées Sophie Rohfritsch et Delphine Batho, il est fait état de l’utilisation de dispositifs "AdBlue Emulator" permettant aux moteurs Euro 5 et Euro 6 de fonctionner sans injection d’AdBlue, donc avec de fortes émissions d’oxydes d’azote.
Le 13 janvier 2017, une proposition de résolution européenne concernant les normes régissant l’industrie automobile, et notamment leur contrôle, a été rédigée avec, entre autres, une demande explicite d’interdire tout dispositif d’invalidation et de rendre obligatoire l’homologation des logiciels.