Depuis fin juillet, la province du Gipuzkoa a commencé l'installation de portiques de type freeflow destinés à taxer les camions de plus de 3,5 t circulant sur les tous premiers kilomètres de la N-1, qui relie Irun, la ville-frontière, à Burgos.
Cette route, jusqu'alors toujours gratuite, sera payante à partir de janvier 2018 sur trois sections de 20 kilomètres. Il faudra débourser entre 3,40 € et 4,15 € selon le tonnage (plus ou mois 12 t) entre Irun et Andoain, puis entre 0,70 € et 0,85 € pour traverser Andoain et encore entre 4 € et 4,95 € pour la traversée d'Etzegarate, soit un maximum de 10 €.
Les transporteurs locaux ne pourront bénéficier de ristournes, directive Eurovignette oblige, bien que la province réfléchisse à mettre en œuvre des mesures de compensation. Des portiques ont également été installés sur les jonctions des autoroutes toutes proches AP-1 et AP-8, de manière à repérer les véhicules qui en sortent pour emprunter ensuite la N-1 (il n'y aura pas de taxation supplémentaire sur l'autoroute).
Côté français, on tombe des nues
Les Transports Sallaberry, installés de l'autre côté de la frontière, à Hendaye, viennent tout juste d'apprendre la nouvelle, tout comme de nombreux confrères.
Caroline Augé, secrétaire général de l'OTRE Pays de l'Adour, fait part elle aussi de son étonnement : "nous étions au courant depuis un an de la volonté de la région de mettre en place cette taxe, mais sans plus d'information. Nous avons été surpris de voir que les portiques venaient d'être installés. Les fédérations de transport espagnoles le découvrent en même temps que nous, tout comme de nombreux transporteurs basques espagnols que nous avons contactés. Contrairement au lancement de la taxe belge, où le gouvernement avait mis en place une véritable campagne d'information, la province du Gipuzkoa a agit en catimini, peut être pour s'éviter toute contestation. Le système de collecte est censé fonctionner avec les badges de télépéages, qui on l'espère seront interopérables, mais les opérateurs que nous avons joints ne semblent pas courant".
Quatre mois avant le démarrage de la taxe, le site Internet de la province basque ne divulgue aucune modalité pratique sur sa future taxe. Une politique de communication pour le moins cavalière.
Un système qui déclenche la facturation
Le système de collecte, appelé AT, fonctionne selon le principe "Freeflow", déjà utilisé dans les pays scandinaves. Il comprend douze caméras de lecture de plaque d'immatriculation, avec éclairage infrarouge (six dans chaque direction), ainsi que des antennes pour lire des badges de télépéages qui doivent être présents à bord des véhicules, afin de pouvoir débiter le montant des trajets. "Ce nouveau système de paiement AT garantira l'équilibre et la maintenance des routes au Gipuzkoa en utilisant la technologie la plus avancée en Europe", indique la région, en rappelant que chaque jour 12 000 camions (dont 60 % d'étrangers) traversent la région en empruntant la N-1. L'objectif est bien évidemment de décongestionner cette route saturée en reportant le trafic sur les autoroutes, tout en les faisant contribuer à l'entretien du réseau selon le principe "pollueur-payeur". La taxe devrait en effet ramener 9 millions par an dont les deux tiers serviront à l'entretien. Selon la région, 90 % des transporteurs sont déjà équipés d’un badge de télépéage pour payer la taxe. Le système fonctionnera à blanc à partir d'octobre avec une mise en service en janvier prochain.