Alain Vidalies a tenu à le signaler, le 26 octobre, sur les ondes de France Info : "Les premiers éléments de l’enquête menée dans les deux entreprises de transport impliquées dans le dramatique accident qui a causé la mort de 43 personnes, le 23 octobre 2015, indiquent que les Transports Aleixandre (propriétaire du grumier) et la société de voyages Vincent (basée à Libourne) étaient irréprochables en matière de réglementation transport". Le secrétaire d’État aux Transports a, par ailleurs, souligné que "la route (la départementale 17, près de Libourne, Ndlr) était une bonne route, refaite en 2011 et ne présentant pas de dangerosité particulière".
Des perquisitions, menées les 24 et 25 octobre en Gironde, dans l'Orne et la Mayenne, ont visé à "saisir tout document ou éléments techniques relatifs à l'acquisition, la maintenance et l'utilisation des véhicules impliqués" et à obtenir des "pièces relatives à la formation, la qualification professionnelle des chauffeurs, leur emploi du temps et les données horaires de leur trajet programmé le jour de l'accident", a précisé le procureur de Libourne, Christophe Auger, lors d'un point presse le 26 octobre aux côtés du colonel Patrick Touron, directeur de l'IRCGN (Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale).
Le lundi 26 octobre, les opérations d’enlèvement des carcasses du camion (et de sa remorque) et de l’autocar ont eu lieu. Un relevage rendu d’autant plus délicat qu’il faut conserver intactes ces carcasses pour les besoins de l’enquête et d’éventuelles contre-expertises, a indiqué un représentant du pôle judiciaire de la gendarmerie.
Déterminer les causes de la collision
Le mystère demeure sur les raisons qui ont conduit l’Iveco Stralis des Transports Aleixandre et le Mercedes Tourismo des Voyages Vincent à entrer en collision. Le chauffeur miraculé du bus aurait, selon Le Parisien.fr du 25 octobre, déclaré à son patron : "c’est le camion qui a fini sa course dans mon car. Il était en portefeuille".
D'après les premières constatations et images modélisées par l'IRCGN, "le chauffeur du poids lourd, qui circulait dans le sens de la montée vers le village de Puisseguin, s'est déporté sur la voie de gauche alors que la portion de route était sinueuse à cet endroit, comme indiqué par un panneau de signalisation, invitant à la prudence 150 m avant un premier virage" et un panneau similaire dans l'autre sens de circulation, a indiqué le procureur. "Le côté gauche de la cabine du camion a percuté le côté gauche du car", a précisé le colonel Patrick Touron.
Selon les éléments de l'enquête à ce stade, des "traces de ripage et de freinage visibles au sol à l'arrière du poids lourd" laissent à penser que "le chauffeur a tenté en vain de redresser la trajectoire du camion". Des expertises sont en cours pour déterminer si le conducteur roulait à une vitesse "adaptée ou pas à l'état de la chaussée, en partie humide sur cette zone à cette heure du jour et manquant de visibilité avec une nuit non dissipée à cette époque de l'année".
Les enquêteurs ont également orienté leurs recherches sur l’analyse des chronotachygraphes des deux véhicules pour tenter de trouver de nouveaux éléments, mais leur exploitation s'annonce difficile. Abusivement comparés par les médias aux fameuses boîtes noires dont sont dotés les avions, les deux objets en question risquent de ne pas pouvoir délivrer les informations que recherchent les enquêteurs. "On ne peut pas se prononcer sur le résultat de leurs examens, car ils sont profondément dégradés", a souligné le colonel Patrick Touron.
Expliquer la propagation fulgurante de l'incendie
Outre les causes de la collision, l'enquête doit également déterminer pourquoi les véhicules se sont embrasés rapidement. Le procureur de Libourne, Christophe Auger, a révélé qu'une "tige métallique d'un peu plus d'un mètre qui se trouvait à l'intérieur de l'habitacle" a, sous le choc, "perforé et traversé la carrosserie du tracteur et éventré le réservoir additionnel de carburant situé juste derrière la cabine du camion".
Ce percement aurait engendré une projection de gasoil qui "se serait enflammée au contact d'une surface chaude telle qu'un élément d'échappement, de mécanique, ou de toute autre forme d'énergie que les experts détermineront, avant de se répandre sur le pare-brise de l'autocar, qui s'est brisé et affaissé (...) facilitant ainsi l'introduction du carburant enflammé dans l'habitacle et initiant un incendie qui s'est vraisemblablement propagé très rapidement à l'ensemble du car".
"Un routier expérimenté"
À Saint-Germain-de-Clairefeuille (61), le petit village de 160 âmes dont étaient originaires le chauffeur Cyril Aleixandre et son fils de 3 ans, tous deux décédés dans l’accident, c’est l’abattement. Agé de 30 ans, Cyril, le fils de Michel Aleixandre, était présenté comme "un routier expérimenté, respectueux et prudent".
Ce passionné de cyclisme empruntait, le vendredi 23 octobre, la route du retour vers l’entreprise familiale, après avoir livré son chargement de bois en Gironde. Il conduisait l’un des 6 véhicules de l’entreprise créée en 1981 (903 K€ de CA en 2014), aujourd’hui dirigée par son père, Michel Aleixandre.
Dans un communiqué publié le lundi 26 octobre, FO Transports "demande à ses adhérents, sympathisants et au-delà, d’accrocher un ruban noir au rétroviseur du véhicule". Un hommage républicain doit être rendu le mardi 27 octobre par le président de la République, François Hollande, en présence de plusieurs membres du gouvernement.
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