Le chemin vers un transport routier lourd bas carbone risque d’être long et coûteux. Après avoir consulté les différentes parties prenantes de la branche du TRM, le gouvernement a rendu public les propositions de feuille de route pour « la chaîne de valeur des véhicules lourds ». Selon le document, la décarbonation nécessite de « mobiliser l’ensemble des leviers disponibles » : approvisionnement en carburants alternatifs, motorisations, infrastructures, financements, organisation du transport, etc.
Vers un mix énergétique adapté aux usages
Selon le document, l’évolution du mix énergétique dépendra des usages, de la disponibilité de l’énergie, du déploiement de véhicules à motorisation alternatives et les conditions d’achat et d’exploitation. Au niveau du mix énergétique, les trois fédérations du transport routier (Union TLF, FNTR et OTRE) ont identifié quatre énergies pour verdir le parc de véhicules lourds : carburants liquides (biocarburants, e-fuels), bioGNV, électricité et hydrogène. La disponibilité des carburants liquides va être conditionnée à la disponibilité en ressources de biomasse et d’hydrogène – nécessaire pour la synthèse – ainsi que des infrastructures d’acheminement et approvisionnement. Les véhicules roulant au GNV/BioGNV sont d’ores et déjà disponibles et leur développement sera conditionné du rythme de déploiement des stations d’avitaillement, et du découplage des prix du biométhane de celui du gaz fossile au niveau fiscal.
Principe de réalité sur l’électrique
Malheureusement pour ses défenseurs, la transition énergétique ne sera pas tout électrique. Si la croissance rapide des moteurs pour les courtes distances et les véhicules, la question de l’autonomie des véhicules à batteries pose question pour les trajets de mobilité lourde et sur de longues distances. « L’électricité devrait être moins pertinente pour les engins lourds (…) une amélioration de l’autonomie des batteries sera nécessaire pour envisager l’essor de l’électromobilité sur le transport de moyenne/longue distance. Celle-ci est à mettre en lien avec les capacités d’emport des véhicules et les contraintes réglementaires en matière de poids et dimensions », indique le rapport. À cela s’ajouter la question des infrastructures de recharge pour l’électromobilité lourde, qui vont nécessiter des investissements lourds. Sachant que les autoroutes électriques manquent encore de maturité. Enfin, l’hydrogène est clairement une solution d’avenir, mais l’essor sur les véhicules restera limité avant 2030 en raison des développements des constructeurs et du déploiement de stations d’avitaillement.
Accompagnement financier à prévoir
Pour réussir cette décarbonation du transport routier lourd, l’Union TLF, la FNTR et l’OTRE soulignent l’importance de préserver la compétitivité des entreprises afin qu’elles puissent investir pour la transition énergétique de leur parc. Les trois fédérations préconisent donc une planification d’un plan d’accompagnement et d’aides massives et pérennes pour l’acquisition des véhicules et le développement du réseau d’avitaillement, en faveur des entreprises du transport incluant les acteurs de la location de véhicules industriels.
L’alignement entre les différentes propositions de cette feuille de route, et les orientations sur la planification écologique feront l’objet de travaux dans les prochains mois par le gouvernement.