Pennavel, société créée par le belge Elicio et l'allemand BayWa r.e, est lauréate de l’appel d’offres du projet lancé en mai 2021 par l'État, au terme d'un débat public tenu fin 2020. "Il s’agit du premier parc éolien flottant commercial au monde à se voir attribuer un tarif d’achat", s'est empressé de signaler le ministère de l'Économie.
D'après Bercy, les offres ont été évaluées sur des critères comme le recyclage des éoliennes, la contribution à un fonds de protection de la biodiversité (au moins 20 M€ promis par Pennavel), le taux de recours aux PME pour la construction et l’exploitation (au moins 10 %) et à l’investissement participatif (pour au moins 10 M€).
Le chantier promet 4,5 millions d’heures de travail pendant la phase de construction et plus de 30 emplois permanents pendant la phase d’opération au titre de la maintenance, a précisé le représentant du gouvernement.
Une offre très compétitive
Ce projet de 250 mégawatts (MW), prévu pour être mis en service en 2031 à 19 km à l'ouest de Belle-Île-en-Mer et 33 km de Quiberon, permettra de couvrir les besoins en électricité d’environ 450.000 habitants. Le parc comprendra un maximum de 13 éoliennes sur 45 km2.
Le tarif proposé par ce consortium nouveau venu dans l'éolien marin en France s’élève à 86,45 €/MWh, offre jugée très compétitive par le gouvernement, qui garantira ce tarif d'achat pendant 20 ans.
"Avec un tarif d’achat attribué à 86,45 €/MWh, la filière éolienne en mer n’a plus à prouver sa compétitivité", a souligné le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
L'Europe, pionnière de l'éolien offshore
En France, trois fermes pilotes (entre 25 et 30 MW chacune) sont en construction en Méditerranée et devraient être mises en service entre 2024 et 2025.
Selon l'association professionnelle WindEurope, le continent, pionnier de l'éolien offshore, compte aujourd'hui quatre sites flottants en activité : deux en Écosse, un en Norvège et un quatrième au Portugal. Mais leur capacité totale reste de 200 MW, et aucun n'a fait l'objet d'appel d'offres ou d'enchères commerciales.
De grands projets sont cependant prévus, notamment en Grande-Bretagne qui a lancé un cycle d'enchères pour 4 500 MW d'éolien flottant, "montrant le potentiel massif" de cette technologie, indique WindEurope.
Ailleurs, le flottant est moins avancé, mais Chine et Japon portent des projets, indique le Global Wind Energy Council (Gwec).
Retard à l'allumage
L'éolien flottant ouvre la perspective d'implantations plus éloignées des côtes et dans des zones où, comme en Méditerranée, le plancher marin descend rapidement. Pour rappel, contrairement aux éoliennes posées, dont le mât est planté en mer dans le sol, les éoliennes flottantes, objet à ce stade surtout de sites pilotes, permettent de s'installer en zones profondes.
Les constructeurs devront encore affiner le choix de la technologie flottante, a expliqué Aldrik de Fombelle, le directeur du projet, soulignant l'expérience dans l'offshore des parties au consortium.
"Cet appel d’offres Bretagne Sud représente une occasion capitale pour la France de se positionner en leader dans le domaine de l’éolien flottant. C’est une première mondiale", s'est réjouie Anne-Catherine de Tourtier, présidente de l'association professionnelle France Renouvelables, qui appelle à rattraper le retard français dans l'éolien offshore.
Reconnaissant un "retard à l'allumage", le gouvernement, par la voix des ministres Bruno Le Maire et Roland Lescure, a réaffirmé début mai son soutien à cette énergie, avec comme objectif de passer d'une production de 1,5 GW en 2024 à 18 GW en 2035 et à 45 GW en 2050. Soit une cinquantaine de parcs, posés et flottants.
Chatherine Hours
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