Une enquête est en cours dans la région du Cap-Oriental en Afrique du Sud après qu’un navire ait signalé le 7 septembre aux autorités avoir « repéré des taches d'hydrocarbures et un reflet huileux sur l'eau » dans la zone d'Algoa Bay près de Gqeberha (Port Elizabeth). Les premiers éléments de l’enquête dirigée par l’organisation sud-africaine de gestion des incidents ont identifié le MSC Apollo, dont la coque est entachée.
Enregistré à Chypre, le porte-conteneurs construit en 2002 et d'une capacité de 6 500 EVP assure la liaison entre l'Afrique et l'Asie. Selon son itinéraire, il est parti de Port Louis, à l'île Maurice, et était à Durban le 4 septembre. Il est toutjours à l'ancre, selon son suivi AIS, dans la baie d'Aloga, un mouillage abrité pour les navires qui font le transit autour du Cap ou qui se dirigent vers l'Afrique du Sud. Son arrivée était prévue au terminal Cogea dans la zone de Gqeberha.
Des précédents
La zone, où la nappe d'huile a été repérée, est proche du groupe d'îles de Sainte-Croix et de Bird Island, une importante réserve ornithologique située à environ cinq miles au large. Les gardes forestiers, dont les opérations de surveillance et le contrôle ont été retardées par les conditions météorologiques, ont indiqué avoir trouvé quelques oiseaux « mazoutés », tout en signalant que l'incident semble avoir une portée assez limitée. Aucun hydrocarbure n'a encore été observé sur les plages.
L'Autorité sud-africaine de sécurité maritime (South African Maritime Safety Authority, SAMSA), a répéré de son côté six manchots recouverts d’hydrocarbures. L’espèce sud-africaine, dont la population est estimée à moins de 50 000 oiseaux, est menacée d’extinction.
La zone d’habitat de l’animal avait déjà été perturbée par des marées noires en 2016 et 2019. En 2022, un déversement d'hydrocarbures survenue lors d'une opération de soutage avait incité l'Afrique du Sud à suspendre les opérations de ravitaillement en carburant entre 2019 et 2022.
Saison des ouragans violente
Les mauvaises conditions météorologiques perturbent le transport maritime dans la région depuis plusieurs semaines. La saison des ouragans est particulièrement violente. Il y a plus un mois, l'équipage du vraquier Ultra Galaxy avait été contraint d'abandonner le navire, qui a chaviré et s'est échoué sur le rivage au nord du Cap avec sa cargaison d'engrais, menaçant de rupture.
Après le CMA CGM Benjamin Franklin, qui a perdu 44 boîtes le 10 juillet, un autre porte-conteneurs de l'armateur français, le CMA CGM Belem a fait les frais de conditions météorologiques très difficiles à la mi-août, à une vingtaine de kilomètres de la côte sud-africaine de Richards Bay. Le navire battant pavillon maltais, récemment mis en service (livré en juin), a perdu une centaine de conteneurs.
La situation intervient dans un contexte particulier. La route traditionnelle entre l’Asie et l’Europe via le canal de Suez est en proie aux exactions des Houthis qui, en guise de soutien au Hamas palestinien, attaquent des navires marchands de pavillon considéré comme ennemi. Ces actions en mer Rouge, opérées à l’aide de drones et de missiles, ont provoqué un exode massif d’une grande partie de la flotte mondiale vers le cap de Bonne Espérance, à la pointe sud de l’Afrique.
Adeline Descamps
