Le président du conseil d’administration, Yves Revol, et sa holding Olymp, actionnaires contrôlant le commissionnaire de transport Clasquin, sont entrés en négociations exclusives avec Shipping Agencies Services (SAS), véhicule financier de MSC, en vue de la cession de l’intégralité de leur participation (42 %).
Yves Revol a intégré Clasquin en 1976, où il a occupé plusieurs postes, de commercial à directeur général, avant de racheter le commissionnaire en 1982 et d’en devenir le le PDG en 1983. Il est à la tête du conseil d’administration depuis le janvier 2021.
Exclusivité à MSC
L’exclusivité a été consentie au groupe de transport et logistique MSC après que ce dernier a déposé une offre d'achat non engageante, ce qui lui permet de procéder à un audit de Clasquin SA et des sociétés du groupe.
En fonction de l'analyse, SAS, qui a absorbé l'ex-Bolloré Africa Logistics, pourrait faire une promesse d'achat, probablement dans le courant du premier trimestre 2024.
Le prix des actions serait déterminé sur la base d'une valeur d'entreprise de 325 M€ et après prise en compte d'ajustements à convenir entre les parties.
Sortie de la cote ?
Après l'acquisition du bloc de contrôle (Yves Revol et Olymp), MSC déposera, auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF), une OPA portant sur le solde des actions (44,5 % en flottant)
Le freight forwarder se retirerait de la côte où il a été introduit en 2006. Sa valorisation boursièreest estimée à 138,8 M€. L’opération restera cependant subordonnée au feu vert des autorités de la concurrence.
« Clasquin informera le marché en temps utile de l'avancement des discussions », indique le communiqué.
Une des rares ETI multinationale française
Si l’opération allait à son terme, MSC, qui a opéré sa première opération d’envergure en acquérant le périmètre de Bolloré Africa Logistics (BAL) pour 5,7 Md€, mettrait la main sur l’une des rares ETI multinationale et française dans le secteur du freight forwarding (85 bureaux, 1 600 personnes). Elle lui offrirait une mise à l’échelle rapide et à coûts limités alors que l'ex-BAL était principalement centré sur le continent africain.
Depuis 2019, le groupe lyonnais a habitué le marché à des résultats financiers deux à trois fois supérieurs à son secteur.
En 2022, l'entreprise, dirigée par Hugues Morin, a enregistré un chiffre d’affaires de 877,1 M€, en hausse de 16,6 %, dont 12 % réalisés avec le continent africain. Le résultat opérationnel est ressorti l'an dernier en hausse de 21,3 %, à 33,4 M€ pour un résultat net de 21,8 M€ (+ 25,4 %). En maritime, le commissionnaire a traité près de 263 800 EVP (- 3,1 %) et 68 900 t en aérien (- 3,3 %).
Montée en puissance en Afrique
En Afrique, Clasquin monte en force dans le transport routier et roulier sur l’axe Europe-Afrique.
Particulièrement affecté par la crise sanitaire (- 17 % d’opérations, - 19,4 % de marge brute en 2020), le roulier a repris des couleurs entre le Maghreb et l’Europe du Nord (+ 28 % d’opérations supplémentaires en 2022 par rapport à 2021).
Le commissionnaire, bien implanté au Sénégal et au Burkina Faso, y a effectué quelques opérations de croissance externe ces derniers mois, notamment la prise de contrôle (63,52 % acquis auprès du groupe familial Puech) de la société marocaine Timar, spécialisée dans le transport international et la logistique (61 M€, 414 personnes). Cette transaction lui permet de renforcer son implantation dans neuf pays en Afrique du Nord (Maroc, Tunisie, Mauritanie), Afrique de l’Ouest (Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire) et en Europe (France, Espagne, Portugal).
L’opération faisait suite à la prise de contrôle en juillet 2022 des sociétés CVL International à Dakar, au Sénégal, et Exaciel AMC Logistique (90 %) en France.
Des résultats dégradés par la conjoncture au premier semestre
CVL et Timar ont représenté 10,9 % de la marge commerciale brute au premier semestre de cette année et ainsi ont compensé en partie sa détérioration (- 6,1 %) en raison de la baisse importante des marges unitaires (-15,7 % en maritime et -29,2 % en aérien) suite à la normalisation des taux de fret.
L’excédent brut d’exploitation (EBE) est ressorti en chute de 30,4 % (16,2 M€) mais toujours 2,5 fois plus élevé que l’EBE pré-Covid. Le résultat net du groupe a également été sanctionné par la conjoncture au cours des six premiers mois de l'année (6,6 M€, - 49,1%).
MSC, sans freins et sans limites
La présence de Clasquin en Afrique est un point d’accroche pour MSC qui peut ainsi étoffer l’empire de l’ex-BAL (22 concessions portuaires et ferroviaires, 66 ports secs, deux terminaux fluviaux, 250 agences logistiques et maritimes ; 21 000 salariés répartis dans 49 pays dont 47 en Afrique).
Connue pour ses dispositions à préserver ses intérêts commerciaux avec la clientèle de transitaires et commissionnaires, MSC ne semble plus, avec ces deux coups à une année d’intervalle, avoir les mêmes pudeurs.
Les opérations emblématiques dans la commission de transport ont bel et bien démarré. Celle-ci risque de faire du bruit dans le secteur.
Adeline Descamps
Lire aussi
Retour des opérations d'envergure dans la commission de transport
Bolloré Africa Logistics s’efface derrière Africa Global Logistics
