Branle-bas de combat pour GazelEnergie. L’énergéticien, filiale du groupe tchèque EPH, mobilise les anciens salariés et réorganise les flux logistiques pour un redémarrage de la centrale Émile-Huchet de Saint-Avold au 1er octobre 2022. 500 000 t de charbon seront nécessaires jusqu’au 31 mars 2023. Ce fonctionnement temporaire de la tranche de 600 MW a été décidé par le gouvernement le 22 juillet pour éviter les coupures d’électricité cet hiver. La centrale alimentant un tiers de la consommation des ménages du grand Est.
GazelEnergie qui importait du charbon russe s’est réorienté vers les États-Unis, l’Afrique du Sud et l’Amérique du Sud depuis la guerre en Ukraine dans un contexte d’extrêmes tensions sur les prix et le coût du transport. « Nous sommes passés de 50 à 300 € la tonne de charbon. Avant la guerre, le charbon arrivait de Russie par le rail. Désormais, tout le monde se tourne vers la mer et le fleuve dans un contexte où l’Afrique du Sud a réorienté ses flux export vers la Chine. C’est la guerre des barges », commente Camille Jaffrello, directrice de cabinet du président de GazelEnergie.
Logistique compliquée
Contraint par la disponibilité des barges, le groupe qui avait délaissé Dunkerque pour le port de Rotterdam en 2017 doit en outre réduire les charges d’emport compte tenu de la baisse des niveaux d’eau sur le Rhin. Les barges s’arrêtent à une centaine de km de la centrale de Saint-Avold, le charbon étant ensuite rechargé sur des camions.
Le combustible fossile se touchant au prix fort actuellement, une partie des stocks de la centrale de Provence, reconvertie à la biomasse a été rapatriée. « Nous avons réexpédié 100 000 t de charbon depuis le site de Carfos à Fos-sur-Mer, dont une partie servira cet hiver », a précisé Camille Jaffrelo. Du point de vue social, la situation est inédite. L’entreprise a été contrainte de rappeler 70 des 89 salariés partis dans le cadre d’un Plan de sauvegarde de l’emploi, de faire appel aux retraités volontaires et de recourir à la sous-traitance.
Face aux salaires revus à la hausse, au prix du transport qui flambe et à de multiples ruptures de charges, la centrale va devoir opérer avec un niveau de rentabilité dégradé.
Évoqué depuis mars 2022, le redémarrage de la centrale a été confirmé le 22 juillet dernier dans le cadre du projet de loi pour la protection du pouvoir d’achat. Une loi qui prévoit également la construction d’un terminal méthanier flottant au Havre (FSRU) pour importer du GNL.
Nathalie Bureau du Colombier