L'année 2016 ne sera pas à marquer d'une pierre blanche pour le fret ferroviaire français. Pour la première fois depuis le démarrage de ses activités en 2006, Europorte France va connaître une stagnation des trafics. À l'instar d'autres opérateurs comme Fret SNCF ou Régiorail, la filiale de fret ferroviaire du groupe Eurotunnel a pâti de facteurs pénalisants pour le bon acheminement de ses trafics.
"Il y a tout d'abord la mauvaise qualité des sillons que nous avons eue début 2016. Ils ont été particulièrement impactants pour nous puisqu'ils nous ont fait perdre un doublement d'activité dans le domaine du transport d'automobiles. Notre client a préféré revenir au transport routier", explique Pascal Sainson, président de la holding Europorte. "Les grèves de mars à juin 2016 ont été tout aussi impactantes. Enfin, la nouvelle convention applicable à compter du 13 décembre 2016 va nous conduire à attribuer, par exemple, treize repos d'aménagement du temps de travail (RATT) en année pleine à nos conducteurs", poursuit-il.
Le défi du nouveau cadre social
L'application du nouveau cadre social constituera d'ailleurs l'un des défis majeurs pour 2017. Les entreprises ferroviaires vont devoir réaliser des gains de productivité. Europorte France a engagé des discussions avec les organisations syndicales pour atteindre cet objectif, notamment au travers des plans de roulement.
Prudente, la filiale d'Eurotunnel prévoit pour l'an prochain une consolidation de ses activités existantes. Outre la mise en œuvre du cadre social, le secteur est en effet confronté à d'autres challenges, à commencer par celui du réseau capillaire et de sa rénovation qui s'annoncent critiques pour l'opérateur.
Le sujet de la tarification du réseau est tout aussi délicat, avec une hausse prévue d'environ 40 % au cours des dix prochaines années.
Une fiabilité supérieure à 99 %
Dans ce contexte difficile, Europorte France insiste sur le maintien de sa qualité de service. L'opérateur revendique une fiabilité supérieure à 99 % sur plusieurs trafics historiques dont celui des Brasseries d'Obernai. "Le maintien de cette qualité de service a contribué au renouvellement d'une grande partie de nos contrats d'infrastructure (ports ferroviaires par exemple - NDLR) et de fret ferroviaire", se félicite Pascal Sainson.
En 2016, Europorte France a aussi pris en charge de nouveaux trafics, le plus emblématique étant celui réalisé entre la frontière allemande et différents silos d'engrais situés dans le nord et l'est de la France pour le compte de K+S.
Des locomotives hybrides hors de prix
Europorte France a étudié les propositions des constructeurs en termes de locomotives Dual moins polluantes pour l'environnement. Mais pour l'heure, ces locomotives électriques équipées en appoint d'une motorisation Diesel pour la desserte du dernier kilomètre apparaissent hors de prix. Elles sont commercialisées ou présentées au prix de 5 millions d'euros l'unité, là où les entreprises ferroviaires ne souhaitent pas engager plus de 3,5 millions d'euros.
Pour l'heure, Europorte France a réceptionné en 2016 huit locomotives Diesel de forte puissance supplémentaires de type Euro 4000, sans que son parc en ait été changé en nombre d'unités (de l'ordre de 70 à 75 machines en moyenne).
Conclu à l'origine avec Vossloh Espana, ce contrat d'acquisition portait sur un montant d'environ 30 millions d'euros. Les besoins en locomotives mais aussi en personnel – 400 personnes environ – sont donc couverts pour les trois prochaines années.
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