La réforme ferroviaire va rentrer dans le dur. Les dirigeants du groupe SNCF ont remis le 15 mars leur "programme de travail pour l'élaboration d'un projet stratégique" à la ministre des Transports. La veille, Élisabeth Borne avait présenté en conseil des ministres le projet de loi habilitant le gouvernement à prendre par ordonnances les mesures nécessaires à la réforme du système ferroviaire.
Ce projet "ne fait qu'indiquer le cadre, les têtes de chapitre, de la réforme. Au fil de la concertation, dès qu'un sujet aura suffisamment avancé, il sera introduit par amendement dans le débat parlementaire à la place des ordonnances", a précisé la ministre.
Éviter les sujets qui fâchent
La feuille de route présentée le 15 mars évite soigneusement les sujets qui fâchent, rappelant essentiellement des objectifs qui font plutôt consensus. Sur les questions liées au fret ferroviaire, le document mentionne ainsi un constat qui n'est pas nouveau : l’amélioration de l’offre de service est cruciale. "Si certains secteurs sont plus dépendants du fret ferroviaire que d’autres tels que la sidérurgie, la chimie de base, le secteur céréalier, le secteur des carrières, il s’agira, dans tous les cas, d’apporter aux entreprises clientes un maillon de la chaîne logistique fiable et de qualité assurant leur compétitivité. Pour d’autres secteurs, il conviendra de proposer une solution alternative au transport routier, capable de rivaliser en termes de coûts et de qualité de service". Voilà pour l'ambition, qui se double de la volonté "d'apporter des solutions écologiquement efficaces", à l'heure où les entreprises cherchent de plus en plus à améliorer leur impact environnemental.
Une "révolution" : le train de fret digital
Le groupe SNCF promet enfin "une véritable révolution grâce au développement du train de fret digital". Ce train, dont les wagons sont équipés de capteurs, doit transformer la vie du client et des agents, en permettant "la localisation des marchandises en temps réel, l'automatisation de l’essai de frein, la maintenance des wagons au kilomètre près, le pilotage à distance au chargement et au déchargement, ainsi que la surveillance de la sécurité des wagons".
Côté méthodes, le programme présenté le 15 mars définit "les modalités et le calendrier de la concertation". Les instances de concertation doivent être mises en place en mars-avril, ouvrant la voie aux négociations sur le projet stratégique programmées jusqu'en juin. Le fruit de ces discussions donnera lieu en juillet à la rédaction des plans stratégiques "au niveau groupe public ferroviaire, par EPIC, et par activités", avant la présentation du plan global "Nouvelle SNCF" fin juillet, au cœur de l'été.
Sept thèmes de réflexion
"Les objectifs qui seront retenus pour le plan stratégique seront assortis d'indicateurs de performance permettant aux instances de gouvernance de mesurer dans le temps les progrès accomplis", précise le groupe SNCF.
Sept thèmes de réflexion majeurs ont été identifiés : l'amélioration de la qualité du réseau, le développement d'offres "multimodales, compétitives et durables", la construction d'une organisation unifiée et mieux intégrée, la mise en place d'un management décentralisé, le renforcement de la digitalisation, la constitution d'un "groupe industriel de services" et l'accompagnement des salariés.
Un plan d'entreprise avant l'été
"Le Gouvernement s’engage pour soutenir la SNCF dans cette mutation du système ferroviaire. Mais c’est un soutien exigeant, et c’est pour cela que le Premier ministre a demandé à l’entreprise de préparer un nouveau projet d’entreprise d’ici l’été. Ce plan d’entreprise devra permettre d’aligner les coûts sur les standards européens, d’améliorer la polyvalence des métiers, mieux organiser le travail, former aux métiers de demain, renforcer la productivité industrielle, moderniser le dialogue social et de mieux intégrer toutes les mobilités", a conclu Élisabeth Borne.