Faute d'entretien, l'état des lignes capillaires fret continue de se dégrader. Et ce ne sont pas les quelques dizaines de millions d'euros qui leur ont été consacrés ces dernières années qui ont permis d'inverser la tendance. Alors, des voix continuent de s'élever pour réclamer des moyens supplémentaires afin d'assurer leur pérennité.
La dernière en date a été celle de la sénatrice de la Marne, Françoise Férat, lors des questions au gouvernement du 9 février 2016 (voir la vidéo de l'intervention au Sénat sur les lignes capillaires fret). Elle a demandé au secrétaire d'État aux Transports, à la Mer et à la Pêche, Alain Vidalies, quelles sommes supplémentaires le gouvernement envisage d'affecter à la rénovation et à l'entretien des voies de chemin de fer capillaires et quelles mesures il entend prendre pour pérenniser ces lignes.
Transfert de lignes ?
Dans sa réponse, Alain Vidalies a rappelé, s'il en était besoin encore, que "les lignes capillaires constituent un maillon essentiel du transport de fret ferroviaire. Le modèle économique étant très fragile et leur état très dégradé, une mobilisation collective est indispensable pour assurer la pérennité de ces lignes".
"Convaincu que l'implication des Régions est une des clés de la pérennisation du réseau capillaire, j'ai obtenu que, dans le cadre de la Loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République), les Régions et les Intercommunalités puissent devenir propriétaires de certaines lignes à leur demande", a précisé le ministre.
Interrogée sur ce dernier point, l'association Objectif OFP, par la voix de son délégué général, André Thinières, indique "ne pas connaître de lignes précises susceptibles d'être reprises par des collectivités, même s'il existe de nombreux projets sur ce plan. Tout juste savons-nous que le port de Bordeaux s'intéresse à la pérennisation de la ligne Agen - Auch, comme il l'a exposé lors de la Journée OFP du 5 novembre 2015".
Mise en place de "référentiels adaptés" en 2016
Dans sa réponse à Françoise Férat, Alain Vidalies a poursuivi en indiquant que "l'État a pris ses responsabilités en mobilisant 30 millions d'euros sur trois ans pour accompagner la mobilisation financière des acteurs locaux et économiques. Au total, l'effet levier de ces cofinancements atteindra plus de 100 millions d'euros d'investissement. Par ailleurs, de nouveaux référentiels adaptés à ces lignes seront mis en œuvre cette année et permettront de faciliter l'atteinte d'un modèle économique".
Ce référentiel de maintenance dédié aux lignes de fret à faible vitesse – de l'ordre de 30 à 40 km/h – devrait être finalisé d'ici l'été 2016. L'idée de départ est de donner plus de latitude pour adapter les règles d'entretien aux conditions locales et, par voie de conséquence, d'en abaisser le coût de maintenance.
Pas de moyens financiers supplémentaires
En clôture de son intervention, Alain Vidalies a souligné qu'en Champagne-Ardenne, des discussions avancées entre l'État, SNCF Réseau, les collectivités territoriales et des industriels ont déjà permis d'affecter les deux tiers de l'enveloppe mobilisée par l'État en 2015 en faveur des capillaires fret sur une seule région. "C'est le signe d'une coopération efficace autour d'industriels et chargeurs responsables et désireux de continuer le fret ferroviaire. Des conventions de financement ont été signées en décembre 2015 sur trois lignes : Oiry - Sézanne, Châlons-en-Champagne - Troyes et Vitry-le-François - Troyes. Il reste encore des points à définir entre les acteurs mais je souhaite que les premiers chantiers démarrent dès cette année", a indiqué le ministre.
Sans doute "les Régions qui s'intéressent à cette réussite" (en Champagne-Ardenne – NDLR)", comme l'a mentionné Françoise Férat, auraient été intéressées de savoir quels moyens financiers supplémentaires allaient être mis en œuvre par l'État et SNCF Réseau pour assurer la pérennisation du réseau de lignes capillaires dont le coût est estimé à 150 millions d'euros sur trois ans. La réponse ne sera pas encore pour cette fois !
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