La circulation d'un premier train de fret au départ de la nouvelle plateforme bimodale rail/route de Château-Gontier, prévue le 8 avril 2013, concrétise six années de travail intensif en Sud-Mayenne.
Tout a commencé en juillet 2007 avec la demande des Transports Bréger auprès de la Communauté de communes de Château-Gontier pour disposer d'une plateforme embranchée fer. Disposant de deux voies de 350 mètres de long, celle-ci a été achevée au printemps 2012 à l'issue d'un investissement de 2,3 millions d'euros. Sont venus s'ajouter à ce client l'entreprise Séché Environnement et plus récemment le logisticien Robineau, ce dernier réactivant au passage l'ancien chantier CNC du Mans.
Cette massification des trafics a permis de passer d'une prévision initiale de 122 400 tonnes transportées par an, à près de 300 000 tonnes en 2013 en année pleine. Ce report modal représentera l'équivalent de 10 000 camions en moins par an sur les routes.
Le choix de Combiwest
Longs de 600 à 750 mètres pour un tonnage compris entre 1 500 et 1 800 t, les trains seront composés de caisses mobiles transportées pour le compte des Transports Bréger à Château-Gontier, de conteneurs étanches chargés de mâchefer pour Séché Environnement à Longuefuye et de conteneurs pour Robineau au Mans.
C'est Combiwest, déjà présent sur Rennes-Lyon, qui sera l'organisateur de transport de ce service quotidien Château-Gontier / Sablé Le Mans / Vénissieux. Une partie de la rame aura pour terminus Miramas. La traction de ce train quotidien sera assurée en sous-traitance par Colas Rail à l'aide de locomotives Diesel sur le parcours Château-Gontier / Le Mans, puis électriques sur le reste du parcours.
Les promoteurs du projet appellent déjà de leurs voeux l'arrivée de locomotives hybrides pour éviter la rupture de charge. Des constructeurs comme l'allemand Vossloh devraient proposer ce nouveau type de locomotives d'ici 2015.
De nombreux obstacles à lever
Les obstacles à lever ont, cependant, été nombreux d'où le retard de 15 mois pour la relance de la ligne. "Réseau Ferré de France (RFF) a dû, au préalable, terminé les travaux de réhabilitation de la ligne, longue de 29,7 km. Il a fallu également travailler de manière très intensive avec RFF pour sécuriser les sillons, d'autant que le Grand Ouest connaît actuellement de nombreux travaux dont la virgule de Sablé. Enfin, la sélection d'un tractionnaire a aussi pris du temps", souligne Philippe Henry, président de la Communauté de communes du Pays de Château-Gontier. Avant d'ajouter que "seule une des deux voies de la plateforme de Château-Gontier sera utilisée initialement. Cela laisse donc la possibilité à d'autres opérateurs dont Fret SNCF de démarrer de nouveaux trafics".
Des trafics potentiels importants
Ce retour au fret ferroviaire pourrait s'enrichir de nouveaux trafics. Ainsi, "des discussions sont en cours avec des entreprises agroalimentaires", confirme Vincent Lesage, président des Transports Bréger. Logisticien de la plateforme de Château-Gontier, cette société a investi 1 million d'euros dans de nouveaux équipements dont 600 000 euros dans l'acquisition de trente caisses mobiles entrant dans la composition des futurs trains.
La Communauté de communes du Pays de Château-Gontier a, par ailleurs, déjà identifié un terrain de 40 hectares sur lequel un nouveau chantier ferroviaire doté de voies longues d'au moins 900 m pourrait permettre de former des trains complets. Plus au nord, le site de Saint-Berthevin, libéré à l'horizon 2016 par l'arrêt des acheminements de granulats vers la ligne à grande vitesse Est-européenne, pourrait représenter un nouveau point d'ancrage pour le renforcement du report modal dans le département.
