Comment va le fret ferroviaire ? La désormais traditionnelle Journée OFP va se pencher sur le sort du secteur et ses perspectives le 15 novembre, devant un parterre de quelque 350 participants.
L'année 2017 semble marquer une certaine embellie, par rapport à une année 2016 catastrophique, même si le trafic fret est très loin de ses niveaux records de l'année... 1974. À la faveur de l'absence de mouvements sociaux et d'un retour à meilleure fortune des tonnages céréaliers, le niveau de trafic de l'année 2015 semble devoir être atteint au cours du premier semestre 2017. Mais dans un contexte de prix extrêmement tirés par la route et par la tarification basse appliquée par Fret SNCF.
Hausse des péages
Les bonnes nouvelles ne durent jamais très longtemps dans le fret ferroviaire et preuve en est apportée une fois de plus avec la future tarification prévue par SNCF Réseau. Celle-ci est dès maintenant perçue comme une menace par les opérateurs alternatifs. Ces derniers ont déjà été tenus informés d'une hausse des péages de 3,8% pour l'utilisation du réseau en 2018.
Cette hausse pourrait être compensée par d'éventuels gains de compétitivité, si ne lui était pas associée une augmentation de 50% du coût d'utilisation des voies de service en 2018 et à nouveau en 2019. Cette infrastructure constitue à n'en pas douter une bombe à retardement, tant ces voies n'ont bénéficié que d'un entretien à minima depuis le début des années 1980.
Nouveau mode de calcul
L'année 2019 ne sera pas meilleure au plan des péages. Car au-delà d'une nouvelle hausse prévisionnelle de 5,8%, un nouveau mode de calcul non plus au train/km mais à la tonne/km devrait être mis en oeuvre. Sans doute que le trafic combiné va y gagner, compte tenu que les convois acheminés sont relativement légers.
Mais il n'en sera pas du tout de même pour les trafics pondéreux (produits de carrière, céréales,...), qui devraient subir une hausse importante. Cela pourrait, en particulier, handicaper des OFP dont le trafic est majoritairement tourné vers ce type de trafic comme CFR et OFP Atlantique. Certains observateurs prédisent même que demain, le prix de transport à la tonne des cailloux sera supérieur à celui de la matière première !
Pas de nouvel OFP à l'horizon
Les Journées OFP sont par ailleurs l'occasion de faire le point sur la création de nouveaux opérateurs ferroviaires de proximité. Mais pour la seconde année consécutive, il n'y aura aucune annonce sur ce plan. Certes, la part de marché des opérateurs existants grimpe toujours jusqu'à atteindre aujourd'hui 10% des tonnages du trafic fret hexagonal, mais c'est toujours très loin des ambitions affichées par le gouvernement lors de la création de ces mêmes OFP en 2010. Le gouvernement se garde bien d'établir de nouveaux objectifs en la matière tant il est concentré, à présent, sur l'ouverture à la concurrence des services TER.
Tout juste peut on espérer quelques avancées au plan des Gestionnaires d'Infrastructures Conventionnés (GIC). Nouvelle appellation des PGI (Prestataires Gestionnaires d'Infrastructures), les premiers GIC sont, en effet, en procédure d'appels d'offres. Les offres concernant trois lignes. Ainsi, sur la ligne Neufchâteau-Gironcourt, le lauréat devrait être connu début 2018 pour une mise en œuvre au 1er juillet.
L'heure du numérique
Autre point qui sera débattu lors de la 7° journée OFP : la digitalisation des trains de fret, qui semble devoir constituer un axe de progrès dans des délais raisonnables à présent. Comme l'explique André Thinières, délégué général d'Objectif OFP, "le numérique est en train de devenir aujourd'hui accessible. Il ne faut plus que quelques centaines d'euros désormais pour équiper un wagon de marchandises d'une balise et le rendre ainsi "intelligent", surtout si on peut l’équiper de capteurs (semelles de frein par exemple). Les Chemins de fer allemands (DB) viennent d'ailleurs de décider de numériser tout leur parc de wagons de fret dans les trois ans qui viennent.
Le problème est que tous les intervenants, incluant des sociétés de location de wagons, ne se parlent pas assez. Il en résulte, et pour ne citer que ce seul exemple, que les essais de frein ne pourront pas être automatisés tant que tous les wagons ne seront pas capables des communiquer entre eux ainsi qu'avec la locomotive".
Des gains de productivité pourraient aussi résulter de la multiplication des trains longs (850 m et au-delà) maintenant que l'expérimentation a été couronnée de succès. Mais là encore, les questions restent posées : qui paie l’infrastructure et comment les différents réseaux européens s'harmonisent-ils dans ce domaine ? Les débats de la 7è journée OFP promettent d'être riches...