La cure d'austérité d’Air France frappe aussi l'activité cargo. Le projet industriel et stratégique présenté au comité central d’entreprise le 24 mai 2012 par Alexandre de Juniac, le PDG d’Air France, lors d'un point d’étape sur le plan Transform 2015, mentionne ainsi la nécessité "d’accélérer la transformation du cargo".
"Nous voulons réduire nos coûts pour nous rapprocher de ceux de KLM/Martinair, le différentiel étant aujourd’hui d’environ 15%. Mais nous voulons parallèlement préserver voire augmenter la qualité, ce qui n’est pas antinomique, à condition de bien travailler sur les processus", souligne Pierre-Olivier Bandet, directeur AF-KL Cargo & Martinair Cargo en charge du réseau, du revenue management, du marketing, du réseau et de la communication.
Toutes ces mesures spécifiques au cargo, conjuguées aux mesures collectives qui concernent l’ensemble de la compagnie et s’appliquent donc aussi au fret (gel des embauches et des salaires, notamment), doivent permettre à la division cargo du groupe de renouer avec l'équilibre en 2014.
Réduction de la flotte
Première mesure prévue dans le cadre de "Transform Cargo" : une nouvelle réduction de la flotte cargo. Le nombre de freighters d’Air France doit ainsi passer de 5 à 4. "Nous essayons d’anticiper la sortie de flotte d’un B747-400ERF dont la location s’arrête en octobre 2013", précise Pierre-Olivier Bandet.
En quelques années, la flotte tout cargo d’Air France sera donc passée de 12 à 4, conformément au virage stratégique du groupe annoncé en 2009, qui consistait à donner la priorité aux soutes des avions passagers et aux combis, en conservant des appareils tout cargo en complément.
Air France Cargo souhaite parallèlement harmoniser la flotte pour ne compter que des B777F en 2015-2016. Un appareil "aux performances nettement supérieures aux B747, et qui nous permet de bénéficier à plein de synergies avec la flotte passage", souligne Pierre-Olivier Bandet.
Adaptation du réseau
À travers cette politique, Air France tente de s’adapter au contexte très dégradé du fret aérien. L'Asie, et notamment la Chine, n'est plus le puissant moteur de croissance qu’elle fut au début des années 2000, avec notamment une Europe qui importe moins. Par ailleurs, le phénomène de surcapacité tire les prix vers le bas.
Air France envisage donc, avec sa flotte tout cargo réduite, de resserrer son réseau sur l’Afrique de l’ouest, l’Océan indien, l’Amérique du Nord, le Mexique et le Japon.
"Nous avons déjà arrêté la desserte de Shanghai en tout cargo. Le marché asiatique, sur Hong Kong, par exemple, reste très difficile", rappelle Pierre-Olivier Bandet.
Poursuite de l'intégration avec KLM Cargo et Martinair
Parallèlement, le groupe Air France-KLM veut améliorer la qualité et flexibilité du réseau, ce qui passe notamment par une meilleure intégration avec KLM Cargo et Martinair.
À partir du 1er juin 2012 se met en place une équipe unique en charge de la construction du réseau, là où auparavant, les équipes des différentes compagnies travaillaient chacune de leur côté avant de se coordonner.
D’autre part, Air France-KLM veut être capable de redéployer sa flotte tout cargo dans des délais très brefs, tirant profit de l’expérience de Martinair en la matière. Pour cela, le groupe a généralisé les outils de pilotage permettant d’avoir une vision précise des vols et travaille sur la sensibilisation des forces commerciales et sur l’élaboration de process opérationnels permettant ces changements de dernière minute.
L’optimisation passe aussi par une gestion globale des capacités. "Nous n’allons plus raisonner par origine, mais par destination. Désormais, une même équipe gérera l’ensemble des capacités offertes par le groupe sur tel ou tel axe, ce qui doit permettre de mieux remplir les avions", détaille Pierre-Olivier Bandet.
Cette nouvelle organisation doit se mettre en place le 1er juillet 2012.
Rénovation du système d’information
Enfin, le groupe va déployer un nouveau système d’information. Aujourd’hui, chaque compagnie fonctionne encore avec son propre outil de réservation.
L’idée consiste donc à adopter un même système pour tout le monde, "doté de fonctionnalités de yield management", explique Pierre-Olivier Bandet, en précisant que cet outil devrait être opérationnel fin 2013-début 2014.
Revoir la politique de tarification
En matière de politique commerciale, le groupe Air France-KLM estime avoir déjà bien avancé, tant au niveau de l’organisation que de la segmentation à la fois par produits et par zones géographiques. Désormais, les efforts prévus portent notamment sur la politique de tarification. "Nous voulons être capables de mieux segmenter nos prix en fonction des itinéraires et des types de produits", fait savoir Pierre-Olivier Bandet.
Si Air France vise donc une meilleure rémunération pour ses prestations, elle travaille également en parallèle sur une amélioration de la qualité de service. Le respect des réservations reste un sujet crucial. Mais plutôt que d’appliquer des pénalités, Air France veut encore croire aux vertus de la pédagogie.
Par ailleurs, la compagnie travaille à l’amélioration du traitement des incidents. "Notre objectif est d’avoir trouvé une solution pour le client dans les 4 heures, en cas de débarquement d’une expédition, et surtout de fournir une meilleure information", indique Pierre-Olivier Bandet.
Le plan projet industriel et stratégique présenté en CCE le 24 mai 2012 fait enfin état de la recherche de "nouvelles synergies avec les escales de province et à l’international".